Un loup dans la bergerie

Bush impose Bolton comme ambassadeur. En court-circuitant le Congrès.

Publié le 5 août 2005 Lecture : 2 minutes.

Les démocrates ont réussi leur coup : au terme d’une guérilla parlementaire de six mois, ils sont parvenus à empêcher la commission des affaires étrangères du Sénat d’entériner la nomination de John Bolton comme ambassadeur aux Nations unies, contraint George W. Bush à profiter des vacances du Congrès pour imposer ladite nomination par décret – à la grande irritation de la majorité des élus – et, accessoirement, provoqué quelques lézardes dans le camp républicain. « C’est un mauvais choix, a par exemple estimé le sénateur Trent Lott. Chacun saura à l’ONU qu’il n’a pas été confirmé et qu’il n’est là que pour un temps limité. » La validité d’une « nomination de vacances », comme on dit à Washington, n’excède pas en effet la durée de la législature en cours. Bolton n’est donc en poste que jusqu’au mois de janvier 2007, après les élections de la mi-mandat.
Au début de l’année, Condoleezza Rice était parvenue à se débarrasser de son indélicat adjoint chargé du désarmement – celui-ci n’hésitait pas à « espionner » Colin Powell, le prédécesseur de « Condi » au département d’État, pour le compte du vice-président Dick Cheney -, mais sans l’humilier et, surtout, sans rompre l’équilibre politicien de la coalition au pouvoir. D’autant que, dans la Maison de verre de Manhattan, les rugueux talents de Bolton peuvent se révéler utiles. Même si, depuis l’arrivée de Rice, l’administration Bush manifeste quelques timides velléités multilatéralistes, son objectif reste d’assujettir plus étroitement l’ONU à l’hyperpuissance américaine. Or les négociations sur la réforme de l’institution qui s’ouvriront au mois de septembre s’annoncent difficiles. Les États-Unis, qui refusent d’envisager l’ouverture du Conseil de sécurité à de nouveaux membres permanents tant que le fonctionnement onusien n’aura pas été « amélioré », risquent de se retrouver isolés. Dans ce contexte, le choix d’un ambassadeur aussi arrogant et dogmatique (« il est tout ce qu’un diplomate ne devrait pas être », juge le sénateur républicain George Voivonich) signifie sans doute qu’ils parient sur l’échec des négociations et le maintien du statu quo.

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