Le business continue

Publié le 5 août 2005 Lecture : 2 minutes.

Par la résolution 1616, adoptée lors de la séance du 29 juillet, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé de maintenir l’embargo sur les armes à destination des régions de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette décision, en vigueur depuis juillet 2003 et reconduite en 2004, concerne la fourniture ou la vente par voie terrestre, aérienne, maritime ou fluviale d’armes et de matériels militaires, d’assistance technique et de formation à toutes les milices, congolaises ou non, présentes dans l’Ituri et dans les deux Kivu.

Le rapport du groupe d’experts présidé par le Sénégalais Ibra Déguène Ka justifie cette mesure par la poursuite de l’exploitation et la commercialisation illégale des ressources naturelles du pays… pour le plus grand bien des factions armées de toutes tendances qui infestent la région. S’appuyant sur les données chiffrées recueillies auprès de différents organismes locaux, les envoyés onusiens démontrent que ce pillage bénéficie directement au Rwanda et à l’Ouganda voisins. Selon le Centre d’évaluation, d’expertise et de certification (CEEC), un organisme congolais semi-public, la RDC avait exporté, en 2004, environ 645 kg d’or pour un montant de 7,45 millions de dollars. Or l’enquête menée à Kampala révèle que le volume réel des exportations aurifères annuelles vers l’Ouganda a atteint 6 tonnes, soit une valeur commerciale de 60 millions de dollars.
On retrouve des données tout aussi divergentes pour les exportations de cassitérite, un minerai qui entre dans la composition de l’étain : les statistiques varient du simple au double selon qu’elles proviennent de RDC ou du Rwanda…

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Les immenses richesses naturelles de la RDC représentent, à l’évidence, une source de revenu facile pour les groupes armés de l’Ituri. Comment les empêcher de parasiter l’activité économique sans entraver la circulation des biens, indispensable au développement des populations locales ? « Par la mise en place d’un meilleur système de traçabilité », conclut le rapport. Autrement dit, à moins de définir des spécifications techniques permettant de distinguer les matières premières congolaises de celles des pays voisins, l’embargo reste largement inefficace. S’il était institué, un tel système pourrait être étendu aux exportations ougandaises et rwandaises, tout en laissant ces pays libres de vendre leur production locale. Quoi qu’il en soit, aucun contrôle ne sera efficace sans l’entière coopération de tous les acteurs concernés : outre les États de la région, le FMI et la Banque mondiale, le Programme régional de démobilisation et de réinsertion, les pays de la Conférence des Grands Lacs et les représentants de l’industrie et du commerce international. Dans ces conditions, ce n’est pas de sitôt que les groupes armés manqueront des moyens nécessaires pour s’acheter les armes de contrebande dont ils ont besoin… pour faire marcher le business !

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