La Françafrique timbrée

Le continent se distingue par la beauté et la diversité de ses timbres-poste. Une luxuriance dont l’origine remonte à l’époque coloniale.

Publié le 5 août 2005 Lecture : 3 minutes.

Chacun l’aura constaté : alors qu’en Europe les timbres, souvent perçus comme de simples outils d’affranchissement du courrier, sont en général d’une tristesse affligeante, les mêmes vignettes sont de petits bijoux en en Afrique. Cette luxuriance philatélique remonte à la période coloniale. Pour glorifier son empire, la France multipliait les émissions montrant les divers aspects de la flore, de la faune ou des traditions des territoires entrés en sa possession.
La France d’outre-mer par ses timbres de Laurent Lemerle restitue avec bonheur la richesse de cette production. La publication se décompose en 4 tomes, reproduisant une sélection de quelque 7 000 timbres émis par les colonies françaises puis par les départements et territoires d’outre-mer ainsi que par les pays devenus indépendants à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Le premier tome couvre les Amériques, l’océan Indien et l’Antarctique ; le deuxième l’Afrique occidentale et équatoriale ainsi que l’Afrique du Nord et le Levant ; le troisième l’Indochine et l’Océanie. Le quatrième tome, enfin, regroupe tout ce qui touche à la flore et à la faune de toutes ces régions.
Autant le dire d’emblée, le volume sur l’Afrique, qui nous intéresse ici, apparaît d’abord comme une exaltation de la présence française sur ce continent. L’histoire précoloniale est réduite à la part congrue. Pour le Sud-Sahara, par exemple, les timbres sur les civilisations anciennes occupent huit pages ; ceux qui évoquent l’arrivée des Européens et la conquête au XIXe siècle ont droit au même espace. Treize pages sont réservées à l’empire français à son apogée et onze à la période allant de la Seconde Guerre mondiale aux débuts des indépendances.
Quoi qu’il en soit, l’ouvrage fournit une mine d’informations sur la région. À côté de chaque timbre ou groupe de timbres, une notice éclaire en effet le thème concerné. Pour l’histoire ancienne, par exemple, on va du Sahara préhistorique à l’expansion almoravide, en passant par les royaumes ashantis ou l’empire du Mali. De Savorgnan de Brazza au Dr Schweitzer, les grandes figures de la colonisation ont droit ensuite à un traitement de choix. Puis viennent les pères des indépendances et le général de Gaulle, que les nouveaux pays africains ont allègrement célébré.
Dans le chapitre consacré aux « arts et coutumes » (une trentaine de pages) sont regroupés les timbres évoquant la statuaire, les religions traditionnelles, l’habitat, l’artisanat, la musique, les parures, les coiffures. Leur allure est plus moderne : la très grande majorité d’entre eux ont été édités après les indépendances. Même remarque pour ce qui concerne la vingtaine de pages sur la santé, l’éducation, l’agriculture et les autres volets économiques.
La seconde partie de l’ouvrage (Afrique du Nord et Levant) est structurée à peu près de la même façon. Sauf que l’économie ne fait l’objet d’aucun développement. Un chapitre « arts et spectacles », en revanche, fait son apparition, incluant une série très intéressante sur les peintres tunisiens.
On prendra ce livre pour ce qu’il est : un catalogue de timbres, et non un manuel scientifique. Plus que l’histoire de l’Afrique, il donne à voir une certaine vision de cette histoire. Car, comme le rappelle l’auteur, la philatélie est un instrument de communication sinon de propagande. On n’est pas pour autant obligé de bouder son plaisir face à de si belles images.

La France d’outre-mer par ses timbres. Tome II : Afrique occidentale et équatoriale ; Afrique du Nord et Levant, de Laurent Lemerle, éditions Timbropresse, 176 pages, 32 euros.

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