Toufik Lerari, l’algéroptimiste
À 37 ans, Toufik Lerari a racheté une agence de communication digitale en France, créé Allégorie en Algérie et vient d’organiser la deuxième édition de la conférence Fikra. Portrait d’un Algérien pour qui son pays a des atouts costauds.
Toufik Lerari a organisé la première conférence Fikra en 2012. © Ammar Redouane Bougherbal / Allégorie
Publié le 12 février 2014 Lecture : 3 minutes.
Mis à jour le 14 février 2014 à 07h48CET. Contrairement à ce qui était indiqué dans une précédente version,Tequila Rapido n’a pas participé à l’organisation de Fikra, nous a fait savoir le bureau de Mr Lerari.
La deuxième édition de la conférence internationale Fikra, dédiée au partage d’idées d’avenir, s’est déroulée les 8 et 9 février à Alger. Son thème ? L’optimisme, une valeur qui sied bien au co-fondateur de l’événement, Toufik Lerari. Deux journées de conférences-débats, 32 intervenants, 1200 participants, 200 journalistes, 110 personnes à l’organisation, plusieurs écrans géants et même un mini concert de Cheb Khaled, invité surprise de l’événement, pour l’édition 2014, le co-fondateur de l’agence de communication algérienne Allégorie, organisatrice de Fikra, a vu les choses en grand. « Allégorie fait partie des trois premiers sponsors de l’événement », précise Toufik Lerari, sans révéler les montants investis, ni par son agence ni par les autres sponsors privés.
Nous allons rejoindre la courbe de développement des nouveaux usages de communication
« Mais la rentabilité importe peu car il s’agit d’une action citoyenne. S’il faut renflouer, on prend le risque », assure-t-il.
50 personnes
En 2005, cet Algérien – qui a grandi à Alger – rachète l’agence française Tequila Rapido, dans laquelle il était entré comme stagiaire en 2000 après un diplôme obtenu dans l’école de commerce Ceram (aujourd’hui Skema Business School), à Sophia Antipolis, près de Nice. « Un coup de chance », précise-t-il.
Celui qui « croit en son pays qui a des atouts costauds » décide alors de tenter l’aventure entrepreneuriale en Algérie où « le marché ne dispose pas d’acteurs intégrant la chaîne de valeur en terme de conseil en communication ». Avec Marhoun Rougab, il fonde Allégorie en 2010. Il n’a alors que 34 ans. Allégorie compte aujourd’hui plusieurs filiales à travers le pays : Sixty2 (production), Fifty4 (agence média) et Mawja (institut de sondage). Le tout en conservant Tequila Rapido. « Il existe des synergies naturelles entre les deux sociétés. Les équipes partagent leurs savoir-faire qui se révèlent très complémentaires sur les deux marchés », confie le jeune chef d’entreprise.
L’idée de cette conférence est née d’un besoin de se connecter
A Alger, Allégorie et ses filiales emploient déjà plus d’une cinquantaine de personnes. Le chiffre d’affaires n’est pas communiqué, mais l’agence compte déjà parmi ses clients des entreprises agroalimentaires comme Cevital ou Benamor, l’opérateur téléphonique Djezzy mais aussi des multinationales présentes en Algérie comme Renault, Total et GDF Suez. Parmi les faits d’armes d’Allégorie, la campagne de communication des dix ans de Djezzy en octobre 2012 ou encore celle des dix ans de Condor en 2013…
Interconnexions
En 2012, Toufik Lerari se lance dans l’aventure Fikra. « L’idée de cette conférence est née d’un besoin de se connecter et de prendre son destin en main pour avancer », explique Toufik Lerari. En marge des interventions de plusieurs grands chefs d’entreprises du pays comme Issad Rebrab, PDG de Cevital, Laid Benamor, PDG du groupe Benamor, Slim Othmani, directeur exécutif de Rouiba, les organisateurs ont accordé une place de choix aux nouvelles technologies. Cinquante bloggeurs et adeptes des réseaux sociaux algériens ont ainsi été mobilisés dans le cadre de FikraNet pour assurer sur Twitter une couverture en direct de l’événement. « En moins d’une journée, le hashtag FikraEvent a été classé dans le top trend de Twitter France », se réjouit celui qui se concentre depuis trois ans sur le développement de son activité algérienne, principalement dans la communication digitale.
Le pays est en retard dans l’usage des réseaux sociaux, notamment dans la communication d’entreprise. « Avec l’essor de la 3G en 2014 / 2015, je suis certain que nous allons rejoindre la courbe de développement des nouveaux usages de communication », prédit Toufik Lerari. « J’aide les entreprises algériennes à utiliser les réseaux sociaux et les incite à les intégrer dans leurs stratégies de communication. Les grands groupes algériens s’y mettent tous pour toucher les jeunes qui représentent un important marché de consommation, surtout pour les opérateurs téléphoniques ».
