Heure par heure, le film des événements

Publié le 5 août 2005 Lecture : 3 minutes.

Mercredi
5 heures (GMT et locale) Nouakchott. Des éléments du Bataillon de la sécurité présidentielle (Basep), reconnaissables à leurs bérets verts, prennent le contrôle du siège de l’état-major de l’armée mauritanienne. Des unités de l’armée rejoignent la garde présidentielle. Munies d’armes lourdes et de batteries antiaériennes, elles encerclent la radio et la télévision nationales et se déploient dans les secteurs névralgiques, notamment autour de la présidence et des casernes du centre-ville. La garde avait été renforcée et fortement armée à la suite de trois tentatives de coups d’État survenues en juin 2003, en août et en septembre 2004. Les frontières sont fermées.
8 heures Les accès à la zone comprenant le palais présidentiel, la caserne du Basep, le ministère de la Défense et les principales administrations sont bloqués.
9 heures Une rumeur court dans la ville : la garde présidentielle et l’armée auraient fait avorter un coup d’État similaire à celui de juin 2003. Vrai ou faux ? « Nous ne savons pas encore si l’intervention de la garde est destinée à contrer un coup d’État ou si, au contraire, elle constitue un quatrième putsch contre le président Ould Taya », confie un diplomate. Ould Taya se trouve toujours en Arabie saoudite, où il s’était rendu la veille pour assister aux obsèques du roi Fahd.
10 heures L’aéroport de Nouakchott est fermé au trafic civil. Vers 10 h 15, cinq tirs d’armes lourdes sont entendus dans le centre-ville. Les rues se vident. Des familles fuient le quartier de la présidence.
12 heures La situation s’éclaircit : on comprend que le Basep et une bonne partie de l’armée se sont unis contre le président. Un habitant de Nouakchott commente, philosophe : « On en a vu d’autres, des coups d’État, mais ils ont échoué. Alors, on verra bien. » Avant de partir en voyage, Ould Taya avait, comme à l’accoutumée, demandé à ses proches de prier pour lui. La baraka, cette fois, n’est pas au rendez-vous…
13 heures On entend des rafales de mitrailleuse près de la présidence. À 13 h 15, l’avion du président Ould Taya se pose à Niamey, la capitale du Niger. Après quarante minutes d’entretien avec son homologue nigérien Mamadou Tandja, il s’installe dans la Villa verte, proche de la présidence. On comprend alors qu’il ne rentrera pas à Nouakchott et que la situation est grave.
14 heures Le black-out est enfin levé. Dans un communiqué lu par une speakerine à la télévision d’État, qui vient de reprendre ses émissions, les putschistes annoncent qu’un « Conseil militaire pour la justice et la démocratie » (CMJD) a pris le pouvoir. « Les forces armées et de sécurité ont unanimement décidé de mettre fin aux pratiques totalitaires du régime dont notre peuple a tant souffert ces dernières années », déclarent les putschistes.
15 heures Des centaines de Mauritaniens descendent dans les rues de Nouakchott et laissent éclater leur joie.
17 heures Un deuxième communiqué de la junte donne la liste des membres du CMJD : on y trouve seize colonels, issus de l’ensemble des corps de sécurité, et un capitaine de frégate. Son président, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, devrait diriger le pays pendant une période transitoire de deux ans.

Jeudi 4 août
La nuit a été calme. Partout dans le pays, le travail a repris. Dans le centre de Nouakchott, où le dispositif de sécurité a été allégé, la circulation reprend son cours. On assiste à de nouvelles manifestations en faveur du changement.
Le coup d’État a réussi, sans effusion de sang. La plupart des partis d’opposition et des exilés politiques applaudissent au départ d’Ould Taya. Ils accordent au CMJD un préjugé favorable, mais attendent que le pouvoir soit rendu aux civils et la libération de tous les prisonniers politiques. Le premier geste du président du CMJD, Ely Ould Mohamed Vall, est d’appeler les ministres à regagner leur poste et de demander au Premier ministre, Sghair Ould M’Bareck, de gérer les affaires courantes. Puis il dissout le Parlement. Toutefois, les putschistes affirment être attachés à la Constitution de 1991 et vouloir maintenir l’activité des partis politiques.

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