Et la CAM s’envole

Créée en début d’année, la compagnie aérienne nationale permet de répondre aux besoins domestiques et au développement du tourisme.

Publié le 5 août 2005 Lecture : 3 minutes.

Le 31 juillet, le Dash 8 de la Compagnie aérienne du Mali (CAM), de fabrication canadienne et d’une capacité de 37 à 39 passagers, inaugurait le vol Bamako-Mopti avec à son bord Son Altesse Karim Aga Khan, chef spirituel de la communauté islamique ismaélienne. Une présence qui n’avait rien de surprenant : créée le 25 février dernier, cette société dont le capital s’élève à 3 milliards de F CFA (4,6 millions d’euros) est détenue à 51 % par le Fonds Aga Khan pour le développement économique (Akfed, Aga Khan Fund For Economic Development), par des investisseurs privés maliens (29 %) et par l’État (20 %) se répartissant le reste des parts. « La nécessité d’une infrastructure répondant aux besoins en matière de transport aérien domestique, régional et intercontinental est une priorité étroitement liée au développement économique et au désenclavement de la région dans son ensemble », avait déclaré, au lendemain de ce partenariat, Ferid Nandjee, représentant du Réseau Aga Khan de développement (AKDN, Aga Khan Development Network) au Mali. Présente en Afrique occidentale depuis le milieu des années 1960, Akfed, qui avait pris le contrôle majoritaire d’Air Burkina en février 2001, entend bien faire bénéficier la CAM de sa connaissance des marchés locaux et régionaux et de son expertise en matière de transport aérien.
Quelques couacs ont pourtant marqué cette collaboration. Début juillet, un vol intercontinental a été effectué dans un Airbus qui n’était pas exclusivement aux couleurs du Mali, mais portait également les drapeaux du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, dans le cadre d’une alliance régionale dénommée Celestair (voir encadré). Et ce contrairement aux clauses du cahier des charges. Résultat : les autorités maliennes décident de suspendre le trafic correspondant. Sans autre forme de procès.
Aujourd’hui, tout est en ordre, et la CAM part sur de nouvelles bases. Avec, aux commandes, Bertrand Rivet, fin connaisseur du Mali, qui a fait ses classes à Air Inter et à Nouvelles Frontières au temps où ce dernier effectuait deux vols hebdomadaires sur Bamako. Son objectif dès la fin de septembre : désenclaver un vaste pays – sans ouverture sur la mer -, tant sur le plan national que continental, en le reliant notamment aux capitales des principaux pays de l’Afrique de l’Ouest : Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo ou encore Bénin.
En attendant, le Dash 8 de la CAM dessert essentiellement le réseau domestique malien en effectuant des vols sur Tombouctou, Mopti, Gao et Kayes. Lancés fin juin dernier avec un taux de remplissage gravitant autour de 30 %, ces destinations atteignent aujourd’hui un taux de 65 %. Notamment en direction de Kayes, d’où sont originaires la plupart des émigrés qui viennent passer leurs vacances au pays. Mais, plus globalement, l’objectif pour Ferid Nandjee reste de transporter 90 000 passagers au cours du premier exercice et 125 000 sur les douze mois suivants. Même si les tarifs pratiqués ne sont pas particulièrement à la portée de tout le monde : 150 000 F CFA (230 euros) pour un aller-retour Bamako-Tombouctou pour deux personnes. Plutôt cher, mais pour éviter de mettre environ dix heures de voiture (contre deux en avion) pour parcourir quelque 1 000 km, dont 200 km de piste, certains sont prêts à des sacrifices.
Les Maliens, qui ont connu des déboires successifs en matière de transport aérien depuis la faillite d’Air Afrique attendent beaucoup de cette nouvelle compagnie. Forte de sa trentaine d’années d’expérience acquise dans le développement local et régional du tourisme en Afrique de l’Est, en Asie du Sud et en Asie centrale, notamment pour favoriser l’accès à des lieux de villégiature isolés, l’Akfed ne manque pas d’arguments pour faire décoller la CAM.

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