Une différence qui s’estompe

Publié le 9 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

En Italie, avec la courte défaite de Silvio Berlusconi et l’accession au pouvoir ces jours-ci de Romano Prodi (et de sa coalition), un gouvernement de centre gauche va succéder à un gouvernement de droite.
En France, il y a près de onze ans, lorsque Jacques Chirac a remplacé François Mitterrand, c’est la droite qui a écarté la gauche pour occuper le pouvoir à sa place.
Ce n’est pas toujours aussi net et je suis frappé par le fait qu’on distingue de plus en plus difficilement la droite de la gauche : la Chine est gouvernée par un parti qui se dit communiste, mais est-ce encore un parti de gauche et sa politique économique est-elle socialiste ? La Corée du Nord, momie du stalinisme, est-elle entre les mains d’un gouvernement de gauche ? Et le Vietnam communiste ? Et la Russie de Poutine, où les communistes sont (plus ou moins) dans l’opposition ?
Si on passe à l’Inde, immense démocratie où intervient régulièrement une alternance entre le Parti du Congrès, qui fut socialisant, et le BJP, réputé nationaliste hindou, on se pose la même question : quand est-elle gouvernée par la gauche ?

C’est en Europe que la distinction entre gauche et droite est la plus perceptible, et ce grâce à « l’Internationale socialiste », rassemblement mondial des partis sociaux-démocrates. La gauche est au pouvoir dans douze pays de l’Union européenne (sur 25) : ?quatre pays d’Europe de l’Ouest – la Suède, la Grande-Bretagne, l’Espagne, le Portugal – et trois pays de l’Est – la Hongrie, la Lituanie, la République tchèque. Les sociaux-démocrates participent à des gouvernements de coalition, sous la direction de la droite, dans cinq autres États : l’Allemagne, la Belgique, Chypre, la Finlande, le Luxembourg.
Si l’Europe n’est pas « rose » ou qu’à moitié, si le Japon, l’Australie et l’Amérique du Nord (Canada, États-Unis et Mexique) sont sous le contrôle de gouvernements de droite, l’Amérique du Sud, elle, donne l’impression de virer à gauche : le Venezuela, le Brésil, la Bolivie, l’Uruguay, l’Argentine, le Chili et le Costa Rica ont été récemment conquis par des mouvements (ou des hommes) de gauche, dont certains sont même gauchistes*. Et le mouvement semble devoir se prolonger

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Dès qu’on aborde l’Afrique et le monde arabo-musulman, la différence entre gauche et droite s’estompe au point de presque disparaître.
L’ANC d’Afrique du Sud, le MPLA d’Angola, le Parti africain de l’indépendance du Cap-Vert, le FPI de Côte d’Ivoire, le Parti démocratique national d’Égypte, le Parti travailliste de Maurice et le Frelimo du Mozambique sont à la fois au pouvoir et membres de l’Internationale socialiste, mais les politiques (économiques) qu’ils mènent sont-elles de gauche ?
Sont-elles très différentes de celles que conduisent les partis au pouvoir en Tunisie, en Algérie ou au Maroc, qui, eux, ne sont pas reconnus comme socialistes ?
S’agissant du monde arabo-musulman stricto sensu, bien malin qui peut dire où se situent les régimes égyptien, pakistanais, indonésien, afghan, ou autre. Lequel est à la gauche ou à la droite des autres ? Le savent-ils eux-mêmes ?

Que dans la plus grande partie de la planète on ne distingue plus, ou très difficilement, un parti, un homme ou une femme de gauche de leurs homologues de droite est quelque chose, qui, à mon avis, fait problème, ou, à tout le moins, appelle explication.
Qui est en mesure de nous la donner ?

* Cuba est un cas particulier et inclassable.

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