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Jamais un Sahraoui n’avait rencontré un tel succès à Paris. Arrivé mardi 2 mai dans la capitale française, Khalihenna Ould Errachid (55 ans), le maire de Laâyoune, a été successivement reçu, le lendemain, par trois poids lourds de l’UMP, le parti au pouvoir : Jean-Claude Gaudin, le vice-président du Sénat, Éric Raoult, celui de l’Assemblée nationale, et le député Jacques Godfrain, ancien ministre de la Coopération. Le même jour, il s’est entretenu avec la sénatrice Alima Boumediene-Thiery, des Verts, puis, le lendemain, avec Maurice Braud, le secrétaire général du Parti socialiste chargé des relations internationales, et Hubert Védrine, l’ancien chef de la diplomatie française (au temps de Lionel Jospin). Il a par ailleurs accordé des entretiens à plusieurs médias (TV5, RMC-Moyen-Orient, etc.) et animé une conférence de presse au Centre d’accueil de la presse étrangère (Cape).
Cet activisme parisien avait pour objectif essentiel, sinon unique, de promouvoir le projet d’autonomie élargie que le Maroc entend proposer comme solution définitive à l’interminable conflit saharien. « Ce sera un compromis historique, une solution sans vainqueur ni vaincu », a-t-il commenté.
Membre de la tribu des Rguibat, comme les principaux dirigeants du Polisario, Ould Errachid a été nommé par Mohammed VI, le 25 mars, à la tête du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), une assemblée composée de 140 notables locaux. La diplomatie marocaine ayant renoncé au schéma, longtemps défendu bec et ongles, de l’intégration pure et simple du Sahara au royaume, il a expliqué à ses interlocuteurs que « nos frères de Tindouf » devaient eux aussi « lâcher du lest en laissant de côté le mirage de l’indépendance totale ». À l’en croire, il ne s’agit pas là d’une « manuvre tactique », mais d’un « choix stratégique arrêté par le roi en personne ».
Ould Errachid était naguère considéré par l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale, comme le « président » de tout éventuel État sahraoui. Mais en 1975, à la veille de la décolonisation, il a préféré, en bon monarchiste qu’il est, prêter allégeance à Hassan II. Mais il est resté un autonomiste dans l’âme et n’a vraiment jamais cautionné la politique saharienne menée depuis son départ du gouvernement, en 1992 (il était depuis 1977 ministre du Développement des provinces sahariennes). Sa nomination à la tête du Corcas ressemble donc à une réhabilitation.
Après Paris, la délégation sahraouie s’est rendue le 4 mai à Madrid, seconde étape d’un tour du monde qui la conduira successivement dans les pays arabes, en Afrique subsaharienne et en Amérique du Nord. Le périple devrait s’achever avant le 31 octobre, date – décisive – du réexamen de la question du Sahara par le Conseil de sécurité de l’ONU.
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