Sur les traces du mégalac Tchad

Publié le 9 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Avec une superficie de 2,5 millions de km2, le bassin du lac Tchad est le plus vaste bassin « endoréique » du monde, « endoréique » voulant dire que les eaux courantes n’y atteignent pas la mer et se perdent dans les terres. Son fonctionnement est très sensible aux modifications climatiques. En période semi-aride, comme actuellement, le lac Tchad s’épuise par évaporation et infiltration au point qu’on craint sa disparition.

À partir de données issues de la télédétection (satellites, notamment), une équipe de l’Institut de recherche pour le développement français (IRD) et de l’université de Monash, en Australie, a prouvé l’existence dans ce bassin, à l’holocène (donc il y a plus de 6 000 ans), d’un lac gigantesque.
Le rivage du mégalac, marqué par un cordon sableux de plus de 2 300 km, a pu être identifié de manière quasi continue, délimitant une superficie de plus de 340 000 km2 au cur du bassin. Par comparaison, le plus grand « lac » actuel, la mer Caspienne, présente une superficie supérieure de seulement 8 %.
La profondeur maximale du mégalac reconstitué atteignait 160 mètres, contre moins de 10 mètres actuellement, pour un volume de 13 500 km3, soit le quatrième réservoir lacustre à l’échelle du globe après la mer Caspienne et les lacs Baïkal et Tanganyika.
L’alimentation en eau d’un tel mégalac a impliqué des conditions climatiques et hydriques très différentes de la période actuelle, avec notamment des pluies de mousson beaucoup plus intenses. Alors qu’à présent le lac n’est alimenté que par deux grands fleuves, le Logone et le Chari, en provenance des régions les plus humides du sud du bassin, de multiples rivières et deltas fossiles ont été détectés sur l’ensemble du pourtour du mégalac, même dans sa partie nord-saharienne, aujourd’hui la plus désertique. À son niveau maximum, le mégalac était stabilisé par un seuil hydraulique naturel : son débordement se déversait vers la Bénoué, affluent de la rive gauche du fleuve Niger, et aboutissait ainsi à l’océan Atlantique.

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Par ailleurs, l’examen de l’âge des différents sédiments a montré que le lac a connu plusieurs séries d’épisodes dus à des changements climatiques, notamment à l’holocène moyen entre moins 8 500 et 6 300 ans. Dans le contexte actuel de réchauffement climatique mondial, l’analyse d’un tel outil hydrologique est particulièrement importante pour comprendre les mécanismes en jeu et découvrir les rétroactions susceptibles de se développer.

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