Quand l’Église prêche le consensus

Publié le 9 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Dieudonné Mirimo Mulingo, le rapporteur général de la Commission électorale indépendante (CEI), l’a annoncé le 30 avril : les élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo auront lieu le 30 juillet. 9 632 candidats à la députation et 33 candidats à la magistrature suprême brigueront les suffrages de quelque 25,6 millions d’électeurs. La campagne officielle débutera le 29 juin et s’achèvera le 28 juillet. Le calendrier des scrutins pour le deuxième tour de la présidentielle et les élections provinciales sera connu ultérieurement. Quant aux craintes suscitées par la prolongation jusqu’au 30 juin de la période de transition, la CEI s’est efforcée de les dissiper : il n’y aura pas de vide juridique puisque l’article 222 de la nouvelle Constitution stipule que les institutions actuelles continueront de fonctionner jusqu’à la mise en place des nouvelles. Bref, à en croire les responsables, tout va bien. Le recrutement et la formation des scrutateurs ont commencé, et la distribution du matériel électoral débutera le 20 juin.
Reste que le processus électoral, qu’une partie de la classe politique, notamment l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Étienne Tshisekedi, ne cesse de critiquer avec vigueur, est désormais contesté par certains responsables religieux – et non des moindres. Réputé pour ses qualités de médiateur (il fut notamment président de la Conférence nationale souveraine, en 1991-1992), Mgr Laurent Monsengwo, le président de la Conférence épiscopale du Congo, réclame ainsi l’ouverture d’un dialogue réunissant l’ensemble de la classe politique. Dès lors, explique-t-il, que les élections n’ont pu avoir lieu dans les délais prévus par l’accord de transition, le réaménagement du calendrier ne peut être imposé unilatéralement, mais doit être le fruit d’un « consensus entre les forces vives de la nation ». Il souhaite par ailleurs que les élections puissent se dérouler dans un climat de vérité et de transparence, allusion aux « candidats alimentaires », en qui il ne voit que de simples figurants, voire des prête-noms, dont la candidature ne peut qu’induire les électeurs en erreur.
En faisant irruption dans le jeu politique, l’Église marque sa volonté, dans ce pays majoritairement catholique, de peser sur le processus électoral en tant que force morale. À défaut d’y participer directement, la hiérarchie ayant interdit aux prêtres d’être candidats. Elle n’est pas seule à nourrir de sérieuses inquiétudes. Dans son dernier rapport consacré à la RDC, l’ONG International Crisis Group (ICG) souligne ainsi que, compte tenu de l’insécurité persistante, la tenue d’élections générales mal préparées risquerait d’embraser à nouveau le pays.

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