Pourquoi chercher ailleurs ?

Publié le 9 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

La Suède, la Norvège, le Danemark. Trois pays connus pour leur attachement aux causes justes et pour leur générosité : chacun d’eux consacre depuis des décennies près de 1 % de son revenu annuel – soit cinq à dix fois plus que les autres donateurs – à l’aide au développement des pays pauvres.
Approchés par l’ONU, tous les trois viennent de refuser de servir de lieu de détention (après sa probable condamnation) du premier dictateur africain ?à être traduit devant une cour internationale de justice.
Dans un éditorial paru cette semaine, le New York Times le déplore :
« Les pays d’Europe du Nord, si prompts à se congratuler sur leur sens civique et leur internationalisme, font depuis peu des pieds et des mains pour éviter de se trouver piégés avec Charles Taylor, l’ancien président libérien, aujourd’hui accusé de crimes de guerre.
Taylor a dévasté non seulement son propre pays, le Liberia, mais aussi la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone pendant les treize années de son règne par la terreur. Il a été finalement remis le mois dernier au Tribunal spécial établi en Sierra Leone sous l’égide de l’ONU.
Le Tribunal spécial a demandé que le procès de Taylor soit transféré à La Haye, et le gouvernement des Pays-Bas a donné son accord à la condition que Taylor quitte le pays dès la fin du procès. Un autre pays devra accepter de le garder en prison s’il est condamné.
S’engager à être le geôlier de Taylor pour une longue durée serait certainement une lourde charge, mais c’est le genre d’obligation que des pays qui se proclament amis de l’Afrique devraient pouvoir assumer sans trop de mal. »
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Pour ma part, je déplore plus encore la passivité des Africains : non seulement ils n’ont rien fait tout au long des dernières années pour que deux autres anciens dictateurs parmi les plus sanguinaires, Hissein Habré et Haïlé Mariam Mengistu, soient arrêtés et jugés, non seulement ils tolèrent que deux chefs d’état africains – ceux du Sénégal et du Zimbabwe – leur accordent asile, protection et sécurité, mais ils donnent l’impression de se désintéresser des problèmes que pose Charles Taylor à la communauté internationale, qui, a eu, elle, le mérite de le faire arrêter et entend le juger.
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Si Taylor ne peut être ni jugé, ni, le cas échéant, détenu en Afrique de l’Ouest, et si les pays de l’Europe du Nord « calent » devant la perspective et la charge de sa détention, pourquoi l’Union africaine ne prend-elle pas l’initiative de chercher une solution africaine à ce problème ?
Pourquoi Taylor ne serait-il pas détenu à Addis, capitale de l’éthiopie et siège de l’Union africaine (qui assumerait les frais de détention) ?
Pourquoi l’Afrique du Sud ou bien l’Égypte, qui postulent à un fauteuil de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, où elles représenteraient le continent, ne se proposent-elles pas pour cette charge particulière ?
Troisième possibilité : le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie.
Leur éloignement du pays de Taylor et les moyens pénitentiaires dont ils disposent les qualifient pour la fonction. Pourquoi ne les a-t-on pas sollicités ? Ils mériteraient bien de l’Afrique s’ils acceptaient, et nous, Africains, montrerions ainsi aux autres que nos problèmes nous concernent.

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