Objectif Sud

Les entreprises marocaines misent sur les pays subsahariens pour trouver des marchés susceptibles de nourrir leur expansion.

Publié le 5 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Royal Air Maroc a montré le chemin qui mène au succès. En 2005, la compagnie aérienne chérifienne a vu son trafic sur le continent augmenter de 106 % par rapport à l’année précédente, avec pas moins de 70 vols par semaine sur 15 destinations. Si le hub de Casablanca constitue la pièce maîtresse de cette stratégie de croissance, la RAM récolte aussi les fruits des partenariats régionaux noués au gré des opportunités. Premier exemple, Air Sénégal International, lancée en 2001. Quatre ans plus tard, la filiale maroco-sénégalaise transporte plus de 1,23 million de passagers grâce notamment aux deux dessertes quotidiennes entre Casablanca et Dakar. La réussite sénégalaise a donné des idées et, le 25 février dernier, Driss Benhima, le PDG de la RAM, est allé signer à Libreville un pacte d’actionnaires pour la création d’Air Gabon International après la disparition de la compagnie du « Perroquet vert ». Le nouveau pavillon doit débuter son activité à la fin du premier semestre 2006 avec une flotte de deux appareils assurant en priorité les liaisons avec la France, le Maroc et les capitales régionales. À Douala, sur le même modèle, la compagnie marocaine fait partie des quatre opérateurs sélectionnés pour reprendre la Cameroon Airlines placée en scission-liquidation depuis février 2005. Profitant de la disparition d’Air Afrique et des difficultés chroniques des compagnies nationales, la RAM est en train de s’imposer comme un poids lourd dans le ciel africain.
Les banquiers ne s’en laissent pas conter. Après les concentrations internes menées tambour battant, l’heure est à présent aux ambitions transfrontalières et aux politiques d’expansion. L’année dernière, le premier groupe bancaire du pays, Attijariwafa Bank (né en 2004 de la fusion entre Wafa Bank et la Banque commerciale du Maroc), a pris le contrôle de la Banque du Sud en Tunisie avec un partenaire espagnol, Grupo Santander. Il y a fort à parier que d’autres implantations sont à l’étude. L’Afrique francophone est inscrite à l’encre rouge sur le tableau de chasse. La Banque marocaine pour le commerce extérieur (BMCE) a pour sa part déjà pris les devants puisqu’elle est présente au Sénégal depuis 2003 via sa filiale BMCE Capital. Cette banque d’affaires entre « dans un cadre de coopération Sud-Sud afin de soutenir des projets dans une zone économique monétaire de plus en plus intégrée », précisait le PDG du groupe, Othman Benjelloun, lors de l’inauguration du siège de Dakar.
Depuis cette date clé, la BMCE a racheté l’année dernière 50 % du capital d’Axis, un groupe tunisien de conseils et d’études financières. Dans la foulée, le groupe de Casablanca a créé, en janvier dernier, un fonds d’investissement. Doté d’un capital de 35 millions d’euros, Capital North Africa Venture Fund a pour objectif de soutenir, en quatre ans, une douzaine de projets et d’investir 30 % de l’enveloppe en Algérie et en Tunisie. Si l’Union du Maghreb arabe (UMA) patine politiquement, certains investisseurs marocains permettent toutefois de garder espoir. Si l’économie subsaharienne connaît des déconvenues, Rabat renforce malgré tout sa coopération avec ses voisins du Sud.

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