Ecobank : Fitch pointe le manque de coordination des régulateurs
Alors qu’Ecobank est empêtré dans une crise de gouvernance depuis juillet dernier, l’agence de notation Fitch a souligné dans une note récente la situation paradoxale du groupe panafricain : présent dans 33 pays, il est supervisé par 21 régulateurs. Décryptage avec les auteurs de la note, Mahin Dissanayake et Solena Gloaguen, qui répondent aux questions de « Jeune Afrique ».
À l’occasion de la crise de gouvernance à laquelle Ecobank fait face, l’agence de notation Fitch a publié une note le 31 janvier qui souligne les risques posés par le manque de coordination entre les régulateurs en Afrique. L’agence souligne la situation paradoxale du groupe panafricain, présent dans 33 pays et supervisé par 21 régulateurs. Les auteurs de la note, Mahin Dissanayake et Solena Gloaguen, répondent aux questions de Jeune Afrique.
Propos recueillis par Nicolas Teisserenc.
Jeune Afrique : Quelles sont les banques concernées par le risque que vous soulevez ?
Présent dans 33 pays, Ecobank est supervisée par 21 régulateurs
Mahin Dissanayake : Il y a deux types de groupes : d’un côté les nouveaux entrants comme les groupes bancaires nigérians, sud-africains ou marocains qui s’étendent sur les marchés émergents africains. D’un autre côté, on trouve des groupes construits spécifiquement pour être panafricains, à l’image d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI), qui symbolise les défis liés à la régulation de tels groupes bancaires.
Présent dans 33 pays, il est supervisé par 21 régulateurs. Le problème soulevé est le manque de coordination entre les différents régulateurs nationaux où sont présents de tels groupes.
Quels risques cela pose-t-il ?
Mahin Dissanayake : La notation de plusieurs banques africaines intègre déjà des risques liés à l’environnement politique et économique instable et à la faible qualité des actifs bancaires. Le manque de collaboration entre les régulateurs nationaux vient accentuer ces risques.
Solena Gloaguen : Ces groupes panafricains sont amenés à devenir de plus en plus importants et présentent potentiellement un risque systémique. L’exigence de publication des résultats et davantage de transparence notamment pour les expositions aux obligations souveraines, ou encore la mise en place de « stress-tests » permettraient un meilleur contrôle de ces risques… Un des dangers principaux provient de l’absence de directives claires concernant un potentiel soutien de la part des États en cas de crise dans une des filiales du groupe. Par exemple, Ecobank est basée au Togo, mais présente dans 33 pays : ceci pose la question du soutien des groupes panafricains en cas de difficultés dans une des filiales du groupe et d’un soutien gouvernemental en cas de crise.
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Que font les régulateurs nationaux pour faire face à ce problème ?
Solena Gloaguen : Des discussions sont en cours afin de favoriser la coordination des différents régulateurs. La Banque de France reste impliquée dans la zone franc, mais il s’agit principalement d’une aide technique. La banque Al-Maghreb (la Banque centrale du Maroc) est également de plus en plus active en raison de l’implication grandissante des établissements bancaires marocains au sud du Sahara. La mise en place d’une régulation panafricaine consolidée se heurte également aux difficultés rencontrées pour trouver des professionnels qualifiés capables de réglementer les activités panafricaines dans des pays multiples et culturellement diversifiés.
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