La belle et les barbus

Publié le 9 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Etre une jolie femme n’a rien de répréhensible en soi, mais exhiber ses charmes en temps de guerre au nez et à la barbe des islamistes n’est pas sans danger. À en croire ces derniers, Tamar Goregian, qui a été élue Miss Irak en avril dernier, est bien une reine, non pas de beauté, mais « des apostats ». Celle qui possède la beauté du diable a remporté le concours organisé dans la plus grande discrétion et sous haute protection dans un club bagdadi. Était-elle consciente qu’en défilant en maillot de bain elle s’exposait non seulement à un coup de froid, mais aussi à des menaces de mort de la part d’intégristes irakiens qui l’accusent d’être une athée corrompue par le grand Satan américain ?

Résultat : son règne aura duré quatre jours avant qu’elle décide, terrorisée, de rendre sa couronne et de se réfugier en Jordanie. Les organisateurs se sont alors tournés vers les dauphines : les deux premières, de confession musulmane, ont renoncé au titre, qui a finalement été accepté par une chrétienne d’origine arménienne, Silva Shahakian (23 ans). Donald Trump, l’organisateur du prochain Miss Monde, auquel devrait participer Shahakian en juillet 2006 à Los Angeles, a salué le courage de celle-ci, qui, pas téméraire pour autant, vit aujourd’hui cachée.
Loin d’être anecdotique, cette affaire n’est pas la première du genre. En 2005, une musulmane d’origine ouzbèke remporte le titre de Miss Angleterre, s’attirant par là les foudres des autorités religieuses du pays, notamment celles du vice-président du conseil des mosquées du Lancashire, qui déclare qu’en participant à cette compétition « elle abjure sa foi ». Autre précédent : en 2002, Doja Lahlou est élue Miss Maroc à l’issue d’une cérémonie guère médiatisée. Prudents, les organisateurs avaient fait pudiquement défiler les jeunes candidates en robes du soir et en caftan. Leur renoncement au traditionnel maillot n’a pas suffi à empêcher la polémique puisque le leader du Parti – islamiste – de la justice et du développement (PJD), Saâd Eddine el-Othmani, a déclaré que l’élection d’une Miss constitue une « insulte à la femme, qui n’est pas un objet que l’on peut exhiber aux regards de tous ». La même année, le concours Miss Monde, qualifié de « promotion impudique de l’immoralité par la nudité » par le Nigérian Muslim Umma, avait dû être annulé à Abuja (Nigeria) où des émeutes de protestation avaient fait plus de 200 morts.

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Car la femme semble cristalliser, s’il existe, « le choc des civilisations » avec d’un côté un Orient oppresseur et un Occident libérateur, comme si l’émancipation des esprits passait nécessairement par l’exhibition des corps En tout cas, c’est ce que soutient la Cicciolina, ex-porno-star et parlementaire italienne, qui, lors d’une émission télévisée, proposait le 11 avril dernier d’offrir sa poitrine siliconée et ses charmes à Oussama Ben Laden « s’il promet de mettre fin à sa tyrannie ». Gageons qu’à la quinquagénaire Cicciolina, le chef d’al-Qaïda préférera les vierges du paradis. Cet obscurantiste objet de désir.

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