Hassan Bernoussi

Le directeur des investissements extérieurs mise sur la libéralisation de l’économie, pour mieux affronter la concurrence.

Publié le 5 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

Le Maroc est aujourd’hui – avec l’Afrique du Sud – l’une des destinations africaines les plus attractives pour les investissements directs étrangers (IDE). Une performance qu’il doit en partie à Hassan Amine Bernoussi. Ce natif de Rabat, passionné de football, diplômé de l’École supérieure de mécanique et d’électricité de Paris, passé par les cabinets ministériels, a été propulsé, en mars 1996, à l’âge de 31 ans, à la tête de la direction des investissements extérieurs. Il a été aux premières loges lors des grandes opérations de privatisation qui ont concrétisé l’ouverture de l’économie marocaine : la vente de la raffinerie Samir, l’attribution de la deuxième licence de téléphonie mobile à Méditel (filiale de l’espagnol Telefónica) en 1999, les cessions de 35 % puis de 16 % du capital de l’opérateur historique Maroc Telecom à Vivendi en 2001 et en 2005, et la vente, au profit du groupe franco-espagnol Altadis de la Régie marocaine des tabacs en 2003. « Nous sommes passés d’environ 500 millions d’euros d’IDE par an dans les années 1990 à 2,5 milliards en 2005, se réjouit-il. Et nous espérons maintenir cette tendance au cours des prochaines années. Avec, à terme, l’objectif d’atteindre des flux de l’ordre de 5 milliards d’euros par an. Un montant qui nous permettra de financer notre économie et d’atteindre une croissance de 7 % par an. »
L’idée selon laquelle ces flux seraient appelés à se tarir le jour où l’État aura achevé la vente des bijoux de famille, c’est-à-dire les grandes entreprises publiques, a le don de l’exaspérer. « Je l’entends souvent, mais c’est complètement faux ! L’augmentation des flux d’IDE ne provient pas exclusivement des opérations de privatisation. Elle doit aussi beaucoup à l’amélioration de l’environnement des affaires et à l’ouverture de l’économie. » Bon nombre de secteurs monopolistiques d’État – l’énergie, les télécommunications, la distribution de l’eau et de l’électricité, les tabacs – ont été libéralisés. Le phénomène a aussi profité aux entreprises marocaines. « L’Office chérifien des phosphates est un bon exemple, plaide Bernoussi. L’OCP est resté dans le giron public, mais le cadre réglementaire de son activité a été profondément modifié. Et ce groupe a été autorisé à nouer des alliances à l’international, via des prises de participations croisées. L’Office a tissé des partenariats avec des groupes indien, pakistanais, belge et allemand. Aujourd’hui, grâce à ces pactes, nous avons la possibilité de réguler le marché de l’acide phosphorique et de ses dérivés au lieu de subir sa loi. »
Plus l’économie marocaine sera ouverte et insérée dans son environnement, plus les entreprises, qui en constituent le tissu, aiguiseront l’appétit d’autres groupes, indépendamment des privatisations. La signature d’accords de libre-échange avec l’Union européenne, avec les États-Unis, et, très prochainement, avec la Turquie, a eu des répercussions immédiates sur les flux d’IDE. Le positionnement du Maroc a changé. « Hier, c’était un marché limité de 30 millions d’habitants. Aujourd’hui, il se transforme en site de production et plate-forme d’exportation, pour des produits destinés au marchés turc, européen ou américain. Aujourd’hui, nos concurrents sont à chercher du côté des pays du Sud, et surtout de l’est de l’Europe, d’Israël et de la Turquie. Nous avons fait un énorme effort en termes d’infrastructures routières, portuaires et de télécommunications. Les formalités et procédures administratives ont été considérablement allégées. Mais il devient urgent de mettre l’accent sur l’éducation et la formation. Car les nouveaux métiers nécessitent des compétences spécifiques et pointues. »
Ces secteurs d’avenir, pour lesquels le Maroc offre des avantages comparatifs, ont été identifiés dans le cadre du plan Émergence. « Tous ceux qui souhaitent s’implanter dans ces créneaux seront encouragés et toucheront des aides, qui viendront s’ajouter aux exonérations de droit déjà applicables aux entreprises exportatrices, explique Bernoussi. C’est une façon de choisir ses investisseurs. » Ou, du moins, d’essayer. Les débuts sont prometteurs. Grâce au partenariat avec le groupe Safran, un des principaux équipementiers de Boeing et d’Airbus, le Maroc a réussi à se positionner dans ce secteur à haute valeur ajoutée. ¦

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