Au pays des merveilles

Publié le 9 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Ce qui frappe le plus lorsqu’on arrive à Bangui, en Centrafrique, c’est l’ampleur des richesses naturelles : de la bonne terre, avec tous ses fruits et ses légumes, des forêts avec ses essences de bois rares et abondantes, des pâturages, de l’eau, des rivières qui charrient de l’or et des diamants Malgré toutes ses merveilles, l’écrasante majorité des quatre millions de Centrafricains vit dans la misère. Pis, leur sort ne s’est pas amélioré depuis l’indépendance en 1960. Alors, j’ai essayé de comprendre pourquoi. Et la réponse est dans l’homme, rien que dans l’homme. De David Dacko à Ange-Félix Patassé, de Jean-Bedel Bokassa à André Kolingba, aucun président de la République n’a vraiment eu le souci d’uvrer pour la prospérité du pays, en misant d’abord sur l’éducation et la santé, en veillant ensuite à la bonne gestion des ressources naturelles. Ils ont abandonné celles-ci aux « prédateurs » étrangers et à leurs associés locaux.

Le Centrafrique – on ne dit pas, m’a-t-on expliqué, « la » Centrafrique parce que le pays a tiré son nom de sa situation géographique, au « centre de l’Afrique » – a été probablement détruit par ses propres dirigeants politiques. Et l’inconscience de son peuple. À chaque coup d’État, à chaque coup de colère, les Centrafricains descendent dans la rue pour cambrioler, saccager et brûler les bâtiments officiels, les résidences, les hôtels, les restaurants Tous ses immeubles calcinés demeurent à ce jour visibles lorsqu’on fait le tour de Bangui : les fondations d’un hôtel de 500 chambres délaissé lors de la chute de l’empereur Bokassa Ier (et dernier), le stade omnisports, le quartier résidentiel des 36 Villas, la cité des 14 Villas, une bonne partie du ministère de l’Éducation, de la primature

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« Plus jamais ça ! » a promis, le 15 mars 2003, l’auteur du quatrième coup d’État, le général François Bozizé. Mais avant même qu’il n’arrive au 8 mai 2006, l’an I ?de son mandat de président élu démocratiquement, des voix se sont élevées à Bangui et ailleurs pour clamer son échec et réclamer sa démission voire son renversement par la force
Pourtant, les Banguissois commencent à respirer. Voilà enfin qu’un maire actif s’occupe de leur bien-être, voilà que « Bangui la coquette » retrouve ses fleurs et ses couleurs, voilà que des hommes et des femmes désuvrés ont du travail : balayage des rues, petits commerces, centres de lavage-auto, et même quelques bancs à Bangui-Plage pour admirer le cours de l’Oubangui et voir, de l’autre côté de la rivière, la République démocratique du Congo. Le slogan du premier président, Barthélemy Boganda, « Le travail unique voie du développement », retrouve tout son sens avec celui de Bozizé, « Kwa na kwa » (« le travail rien que le travail »). Si, bien sûr, les Centrafricains le veulent.

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