Après Hu Jintao, Koizumi !

La première visite à Paris d’un Premier ministre tunisien marque un tournant dans les relations entre les deux pays.

Publié le 9 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

L
a tournée de Junichiro Koizumi en Éthiopie et au Ghana (29 avril-2 mai) n’a certes pas eu le même retentissement médiatique que le périple africain de Hu Jintao, son voisin chinois, une semaine auparavant. Elle n’en constitue pas moins un événement : pour la première fois, un dirigeant japonais de premier plan s’est rendu au siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba.
Devant les diplomates continentaux et occidentaux, puis lors de ses entretiens avec Alpha Oumar Konaré et son équipe, Koizumi a exposé les grandes lignes de sa politique africaine. Alors que le Japon contribue déjà largement au budget de l’UA, le Premier ministre a promis une nouvelle enveloppe de 60 millions de dollars destinée à la promotion de la paix (notamment au Darfour) et rappelé les priorités définies lors de la IIIe Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), en septembre 2003 : soutien au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), lutte contre les maladies infectieuses, le terrorisme et la prolifération des armes légères, renforcement des relations commerciales En 2005, le montant de l’aide publique japonaise à l’Afrique (530 millions de dollars) a doublé par rapport à l’année précédente.
Mais la diplomatie n’a pas été absente de ce voyage. Dans la perspective d’un hypothétique élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU (qui pourrait compter, dans un avenir plus ou moins lointain, vingt-cinq membres, dont onze permanents), Koizumi a répété qu’il était favorable à l’admission de deux représentants africains. Bien entendu, il compte en échange sur un soutien africain à la candidature de son pays.
Par ailleurs, il a tenté de tempérer les exigences des pays africains, qui entendent que leurs futurs représentants permanents disposent d’un droit de veto, comme les États-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni et la France aujourd’hui. Les Américains, notamment, ne veulent pas en entendre parler… Pour éviter un échec, Koizumi préconise de donner la priorité à l’admission de nouveaux membres et de remettre à plus tard la question de leurs prérogatives. Ses propositions ont reçu un accueil mitigé. Konaré s’est montré inflexible sur le droit de veto, même si certains pays membres de l’UA n’en font désormais plus une question de principe. Plus ennuyeux, de nombreux dirigeants africains – notamment les Angolais et les Nigérians – hésitent manifestement à soutenir la candidature japonaise par crainte de mécontenter la Chine.
John Kufuor, le président ghanéen, lui a néanmoins promis son appui. Il est vrai que son pays est le principal bénéficiaire africain de l’aide japonaise (408,1 millions de dollars entre 1999 et 2004). Habilement, Koizumi a pris soin de saluer la mémoire du Dr Hideo Noguchi, son compatriote, mort en 1928 au Ghana, où il joua un rôle éminent dans la lutte contre la fièvre jaune. n

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