Un faux débat

Publié le 9 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Le voile en France est l’arbre qui cache la forêt. On n’a pas le droit de participer à ce genre de débat sans le dire. C’est pour cette raison que je suis complètement indifférent
à la question du voile, qui est une question électorale, un jeu politicien. À mon avis, le seul problème, le vrai, est la présence en Europe de près de 10 millions de musulmans, installés avec leurs familles et généralement citoyens européens. Ces gens veulent
introduire dans le pays qui les accueille, dans ses murs et dans ses lois, qui se sont faites sans eux, comme celle sur la laïcité en France, la spécificité de leur foi. Je trouve absolument injuste qu’on ne laisse pas une spiritualité aussi fondamentale que celle de l’islam un humain sur cinq est musulman s’installer dans un espace commun.
On a fait venir une population taillable et corvéable à merci pour l’instrumentaliser. Il a fallu quarante ans pour qu’on se rende compte que ces gens avaient des épouses et des enfants restés au pays. On a alors permis le regroupement familial. C’est ainsi que leur spiritualité est devenue « autochtone ». Et maintenant qu’ils sont enracinés, intégrés, on voudrait leur permettre de tout vivre sauf leur credo, leur culte, leur religion. On ne peut demander à l’homme de renoncer au spirituel car c’est une aspiration naturelle.
Ce droit légitime n’est pas bien compris par les gens qui veulent « dompter » l’islam. Que l’on ne nous fasse pas croire que la loi vise à contrecarrer les excès des trois religions. Les aménagements des horaires le samedi pour certains enfants pratiquants juifs dans les écoles communales du Sentier, à Paris, n’ont choqué personne jusqu’à présent. Cette loi sert uniquement à contre-carrer la présence des musulmans dans l’espace éducatif, alors qu’il aurait mieux valu, au contraire, leur laisser du temps. On ne peut pas les sommer de mûrir aussi rapidement quand il a fallu trois siècles au catholicisme pour accepter les Huguenots.
On n’arrivera à rien de bon avec cette loi, qui va conduire certains parents à laisser leurs filles à la maison. Les uns et les autres vont camper sur leurs positions. La France aura son texte législatif, mais je ne pense pas que l’islam nouvellement installé se mettra au diapason. Ceux qui sont concernés par cette loi doivent se convaincre de son bien-fondé par un processus de maturation naturelle. Or on demande à ce texte de jouer un rôle qui n’est pas le sien, car la loi n’éduque pas, elle sanctionne. Les associations peuvent jouer ce rôle éducatif, mais une fois qu’on gèle une position dans une législation, c’est terminé. Celui qui s’en écarte est sanctionné. Les gens n’évolueront pas. Au contraire, on va assister à une radicalisation des deux camps, les sanctionnés
comme ceux qui sanctionnent.

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