Pour que violence ne rime plus avec silence
À l’occasion de la Journée internationale du 8 mars, Amnesty lance une campagne contre les agressions dont elles sont victimes. Témoignages.
« C’est l’un des plus grands scandales de notre temps. Et il est d’autant plus scandaleux qu’il est ignoré », déplore Moïra Sauvage, la responsable de la commission des femmes auprès d’Amnesty International. Afin de lever le voile sur cette « catastrophe en matière de droits humains », l’organisation lance à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, une campagne, pour les deux années à venir, intitulée « Halte à la violence contre les femmes ».
Outre la publication d’un rapport de 150 pages, qui met des noms et des visages sur toutes ces atrocités, qu’il s’agisse des crimes d’honneur, des violences conjugales, des stérilisations forcées ou encore des mutilations génitales, Amnesty International entend aider les femmes victimes à briser le silence qu’elles s’imposent. À cesser d’avoir honte.
Le tabou qui enveloppe ces violences, qu’elles se déroulent dans la chambre à coucher ou sur un champ de bataille, rend difficile la quantification du phénomène. Tout au plus peut-on formuler des estimations. Selon une étude américaine, fondée sur une cinquantaine d’enquêtes menées dans différents pays du monde, une femme sur trois a été soit battue, soit forcée à des relations sexuelles, soit molestée d’une manière ou d’une autre à un moment de sa vie. En 2002, un rapport du Conseil de l’Europe révèle que la violence domestique est, pour les femmes de 16 ans à 44 ans, la principale cause de mort et d’invalidité, avant le cancer ou les accidents de la route ! L’Organisation mondiale de la santé (OMS) corrobore ces données et ajoute que 70 % des femmes victimes d’un homicide le sont par leur partenaire masculin. Les femmes n’ont donc plus de refuge. Même chez elles, elles sont en danger. Leurs premiers bourreaux ne sont autres que leurs plus proches parents. Au Liban, ce sont les crimes d’honneur qui font fureur : en 2001, on en dénombrait de deux à trois par mois. Pis, les auteurs de ces assassinats sont protégés par la loi et presque jamais condamnés. Les pays en guerre constituent aussi un terreau fertile pour les agressions physiques. En République démocratique du Congo, les Nations Unies estiment ainsi qu’environ 5 000 femmes ont été violées dans la province du Sud-Kivu entre octobre 2002 et février 2003.
On pourrait continuer à égrener les chiffres de ce triste bilan à l’infini. Car même dans les pays où il existe une législation punissant ce type de violence, il est fréquent que les autorités ne l’appliquent pas. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui encore, au XXIe siècle, les femmes sont considérées comme des êtres inférieurs aux hommes. D’ailleurs, à l’échelle planétaire, 60 millions d’entre elles « manquent à l’appel » du fait des avortements sélectifs et des infanticides de filles. La famille, la communauté, la société sont trop souvent complices. Il est temps de lutter contre l’indifférence que ces violences génèrent. Et, pour ce faire, « les femmes ont besoin du soutien des hommes », convient Amnesty International.
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