Guinée – Lansana Kouyaté : « La priorité de Mamadi Doumbouya doit être l’organisation d’élections »

Deux mois après le coup d’État, et alors que la recomposition politique se fait tambour battant à Conakry, le diplomate Lansana Kouyaté prépare son retour d’exil. Dans une interview accordé à JA, il livre sa vision d’une transition réussie.

Lansana Kouyaté, ancien Premier ministre de Guinée, à Paris en 2014. © Vincent FOURNIER/JA

Lansana Kouyaté, ancien Premier ministre de Guinée, à Paris en 2014. © Vincent FOURNIER/JA

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Publié le 8 novembre 2021 Lecture : 2 minutes.

Quand un régime tombe, il est courant de voir les opposants se bousculer dans les halls des aéroports pour faire leur retour au pays. L’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté ne va pas déroger à la règle. Quand nous le recevons dans les locaux de Jeune Afrique le 14 septembre dernier, c’est avec enthousiasme qu’il se confie : « Je me prépare à rentrer au pays. » Rien de moins surprenant pour cet opposant qui cinq ans plus tôt a décidé de mener son combat politique loin de Conakry. Il accusait alors Alpha Condé de le « combattre avec une grande vitalité ».  

Maintenant que son adversaire a été écarté à la faveur d’un coup d’État commandité par le colonel Mamadi Doumbouya le 5 septembre dernier, l’heure est à la recomposition politique en Guinée. Et Kouyaté à l’intention de faire entendre sa voix. Mais après tant d’années d’absences, pourra-t-il donner un nouveau souffle à son parti, le Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN), en perte de vitesse ? Lansana Kouyaté y croit. Il se livre à Jeune Afrique

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Jeune Afrique : Le 1er octobre, le colonel Mamadi Doumbouya a été investi de la présidence de la transition. Désormais le couple exécutif guinéen se compose d’un président militaire et d’un Premier ministre civil. Ce schéma vous semble-t-il équilibré ? 

Lansana Kouyaté : La répartition des postes importe peu. Il faut surtout veiller à ce qu’un équilibre entre l’armée et les civils soit respecté et à ce que chacun des membres de la transition soit choisi pour ses qualités.

Selon vous, combien de temps la transition dit-elle durer ?  

Si les nouveaux dirigeants se mettent au travail, un an suffit. Leur priorité doit être d’organiser des élections crédibles. Il faut nettoyer le fichier électoral, éliminer tous les doublons et prendre en compte la cartographie électorale. Des bureaux de votes doivent être déployés dans les zones rurales pour motiver les électeurs à se faire recenser et à aller voter. Les militaires doivent céder le pouvoir rapidement mais leur départ ne doit pas se faire sans avoir rempli tous les prérequis électoraux.

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Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) auquel vous appartenez n’a jamais reconnu la Constitution mise en place à la suite du référendum de mars 2020. Souhaitez-vous qu’une nouvelle Constitution soit écrite ?

Il suffirait d’oublier le texte adopté en 2020 et de revenir à la Constitution de 2010. Elle était tout à fait satisfaisante puisqu’elle limitait à deux le nombre de mandats présidentiels. Elle avait été approuvée par tous les partis politiques. Les militaires pourraient tout simplement la remettre en vigueur, quitte à y apporter quelques amendements.

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Comptez-vous retourner en Guinée pour participer à la recomposition du pays ?  

Je vais rentrer pour apporter mes petites connaissances à l’État guinéen.

Le Mali a subi deux coups d’État en moins d’un an. Craignez-vous un scenario identique en Guinée ? 

Le 5 septembre, lorsqu’il a pris le pouvoir, le colonel Mamadi Doumbouya a dit qu’il répondait à l’appel du peuple. Il doit respecter cet engagement et ne pas s’éterniser au pouvoir. Contrairement à ce qu’il s’est passé au Mali, il faut qu’il y ait une véritable unité entre les membres de la transition. L’histoire nous a montré qu’après un putsch, il y avait souvent des dissensions au sommet de l’État. Nous devons éviter cela et rester vigilants.

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