Inauguration de l’aéroport Roissy- Charles-de-Gaulle

Publié le 8 mars 2004 Lecture : 3 minutes.

Vu du ciel, le nouvel aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ressemble à un soleil. Au centre, un coeur de béton et de verre d’où partent des rayons – les pistes d’atterrissage et de décollage brutalement interrompues par les champs de la Plaine de France. Le Premier ministre Pierre Messmer, chargé par un Georges Pompidou mourant d’inaugurer ce nouvel aéroport, est impressionné par les prouesses architecturales réalisées par l’équipe de Paul Andreu. En ce 8 mars 1974, le nouveau terminal est vide. Seule une délégation officielle baptise le bâtiment, sous l’oeil fasciné de quelques journalistes. Les premiers passagers, touristes et hommes d’affaires en partance pour New York, fouleront, quant à eux, le tarmac cinq jours plus tard, le 13 mars.

Il aura fallu dix ans, et plus de 1,6 milliard de francs, pour que ce terminal, situé au nord de Paris, à moins de 30 kilomètres de la capitale, sorte de terre. Choisi lors du conseil interministériel du 13 janvier 1964, le site de Roissy semble idéal pour désenclaver le nord de la France et pour soulager le trafic aérien de l’aéroport d’Orly, inauguré en 1961, qui a atteint en moins de trois ans son seuil de saturation. Le nouvel aéroport remplacera celui du Bourget, le plus ancien de France, trop petit et réservé depuis 1977 à l’aviation d’affaires. À cheval sur trois départements (Seine-et-Marne, Val-d’Oise et Seine-Saint-Denis) et six communes, Roissy est, au moment du premier coup de pioche en 1966, encore peu urbanisé. Les nuisances sonores et autres pollutions n’affecteront donc que quelques agriculteurs, estiment à l’époque de la maturation du projet le président de la République Charles de Gaulle et son Premier ministre Georges Pompidou. Sur les quelque 3 000 hectares réquisitionnés pour le nouvel aéroport, on ne compte en effet qu’une grosse ferme…
À mesure que l’aérogare prend forme, l’équipe des Aéroports de Paris (ADP) réfléchit au nom à lui donner. Initialement, le projet s’appelait « Paris-Nord », avant de devenir « Roissy-en-France » puis « Charles-de-Gaulle » en octobre 1973, six mois à peine avant l’ouverture de l’aéroport. Une manière de gratifier, à titre posthume, celui qui donna son feu vert au projet et qui mourut quatre ans avant son aboutissement.
En trente ans, l’aéroport a connu des évolutions considérables. Ce qui lui a permis de devenir le huitième aéroport mondial pour le trafic des passagers et d’occuper la onzième place pour le fret. En termes de flux, il atteint en 2004 son seuil de saturation avec, certains jours, 2 200 mouvements d’avion, 260 000 passagers – on prévoit pour la fin de cette année un total de 55 millions de passagers ! – et 5 500 tonnes de fret. Pour en arriver là, « CDG » a dû s’agrandir, avec la construction d’une deuxième aérogare au début des années 1980, l’ouverture d’un quatrième terminal en 1993 puis la mise en service d’un sixième et ultime hall en 2003. Originalité de la dernière aérogare : la modularité. Autrement dit, elle a été conçue de manière à pouvoir supporter de nouvelles structures en fonction du nombre de passagers et des mouvements (atterrissage, décollage) des avions toujours plus nombreux. Son succès a également été conforté par l’arrivée du TGV sur le site même. L’aéroport Roissy-CDG devient donc le pionnier d’un nouveau concept : l’intermodalité, ou combinaison de plusieurs moyens de transport.

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L’activité cargo a aussi atteint des proportions importantes puisque Roissy-CDG est devenu la première plate-forme logistique d’Europe. Les hubs postaux sont particulièrement performants, et le fret de marchandises ne cesse de croître. Une nouvelle zone de fret devrait bientôt voir le jour à l’est de l’aéroport pour traiter 2 millions de tonnes par an ! L’aéroport est donc naturellement devenu un moteur du développement économique de la région. À preuve, les 600 entreprises, employant quelque 55 000 salariés, qui s’y sont implantées.
La croissance du trafic pose de ce fait de plus en plus de problèmes d’environnement et de sécurité. Le crash du Concorde en 2000, au-dessus de la ville de Gonesse, et qui a fait 113 victimes, a eu l’effet d’un électrochoc. De nouveaux aménagements semblent d’autant plus nécessaires aux riverains de Roissy que le projet de création d’un troisième aéroport en région parisienne a été abandonné.

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