Encore trop de barrières

Publié le 9 mars 2004 Lecture : 3 minutes.

Le Maghreb est-il une destination phare pour les Investissements directs étrangers (IDE) ? L’analyse des tendances lourdes au cours de la décennie écoulée donne une réponse
très claire : pas encore. Malgré leur proximité géographique avec les marchés de l’Union européenne, les trois pays concernés n’ont pas vraiment su tisser des liens privilégiés ni maximiser les retombées des avantages comparatifs dont ils disposent.
Pour nombre de sociétés européennes, c’est surtout le faible coût de la main-d’uvre qui joue un rôle déterminant dans leur décision d’investir et de délocaliser tout ou partie de leur production industrielle. Mais chacun des pays du Maghreb présente un profil particulier.

La Tunisie est, de loin, la mieux placée en termes d’attractivité des capitaux étrangers. Les pouvoirs publics, qui ont très vite vu les profits qu’ils pouvaient tirer de la présence sur leur sol de partenaires étrangers, ont su mettre en place des dispositifs jugés très efficaces pour leur rapidité, leur réactivité et la stabilité du cadre réglementaire qu’ils offrent.
Du côté du Maroc, l’administration bloque encore de nombreux projets pour des raisons jamais éclaircies. Si la douane a été totalement métamorphosée et joue désormais pleinement son rôle, il n’en va pas de même dans d’autres domaines (électricité, foncier,
formalités administratives) qu’il faudra bien se décider un jour à mettre à niveau. D’autant que la direction des investissements extérieurs joue pleinement son rôle d’accompagnement et qu’elle appuie les projets porteurs. Une efficacité qui pourrait être sensiblement accrue si l’on s’intéressait davantage, du côté de Rabat, aux projets susceptibles d’être initiés par des petites et moyennes entreprises étrangères, qui, pour l’heure, hésitent toujours à franchir le pas. Résultat, avec la fin des grosses opérations de privatisation, le flux de capitaux étrangers risque de se tarir.
En Algérie, l’environnement des affaires évolue encore plus lentement. En dehors des hydrocarbures, peu d’investissements étrangers sont encore réalisés, à l’exception de certaines industries de transformation, des laboratoires pharmaceutiques, des télécoms
(en plein boom) et de quelques sociétés de l’agroalimentaire. Le développement du tissu industriel reste donc encore un vu pieux.
Difficile, dans ces conditions, de bâtir de véritables stratégies de développement qui ne soient pas fondées sur d’autres créneaux que le tourisme, l’agroalimentaire, la distribution, les services, les hydrocarbures et les délocalisations de vieilles industries comme le textile. Car le Maghreb, malgré ses atouts évidents et son marché de plus de 70 millions d’habitants, subit une double concurrence. Celle des nouveaux pays
membres de l’Union européenne, qui ont su capter une part importante des projets d’investissement et qui, à court terme, vont devenir des concurrents encore plus redoutables une fois leur processus d’adhésion définitivement sur les rails.
Celle, plus redoutable, de certains pays comme la Turquie ou la Chine, qui font une véritable percée en Afrique du Nord. Grâce à des produits peu chers et de bonne qualité qui collent de près aux besoins exprimés localement. À titre d’exemple, il est de plus en
plus fréquent de trouver à Casablanca ou à Tunis des produits chinois de consommation courante à des prix défiant toute concurrence, ce qui, de fait, ferme aux opérateurs locaux un grand nombre de créneaux.

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Pourtant, la solution existe et elle est connue des décideurs politiques locaux : elle passe inévitablement par la réactivation de l’Union du Maghreb arabe (UMA). En mettant leurs forces en commun, les trois pays auraient tout à gagner : des économies d’échelle importantes, un réel potentiel de croissance et, on l’a dit, un marché de 70 millions de
consommateurs, dont le pouvoir d’achat est certes encore bien limité la moyenne régionale est d’environ 1 500 dollars par an et par habitant , mais où, à l’instar de la Tunisie, les marges de progression existantes sont significatives.

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