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Des opportunités d’investissements dans les hydrocarbures, les technologies de la communication, les infrastructures et l’agriculture.

Publié le 8 mars 2004 Lecture : 5 minutes.

Jusqu’à la fin des années 1980, l’Algérie n’attirait pas les Investissements directs étrangers (IDE). Il faut dire que les autorités ne souhaitaient pas vraiment ouvrir l’économie publique, dominante, au capital extérieur. Ainsi, entre 1980 et 1990, les flux moyens annuels d’IDE ne dépassaient guère 5,63 millions d’euros, un volume négligeable au regard du Produit intérieur brut (PIB) du pays. Or, en 2003, l’Algérie a reçu 1,85 milliard d’euros grâce notamment à la privatisation de la troisième licence GSM pour 0,88 milliard d’euros.
Les flux d’investissements étrangers représentent désormais une part appréciable de l’investissement global du pays (8,1 %), même si cela reste faible par rapport au PIB (2 %). Cependant, en termes de stock d’investissements attirés au cours des vingt dernières années, l’Algérie, avec 4,58 milliards d’euros, reste encore loin derrière l’Égypte (16,65 milliards), la Tunisie (11,26 milliards) et le Maroc (8,04 milliards).
La loi sur les hydrocarbures de décembre 1991, qui ouvrait ce secteur d’activité au capital étranger pour l’exploration, la recherche et la production, n’est pas étrangère à cette évolution. Le poids de ce secteur dans les flux d’IDE le confirme. Quelques opérations ont eu lieu dans la sidérurgie (Ipsat, Inde) et dans la chimie (Henkel, Allemagne), mais plus de 80 % des investissements extérieurs concernent les hydrocarbures. Il n’est donc pas étonnant de constater que les États-Unis sont les premiers investisseurs en Algérie, avec environ 730,5 millions d’euros entre 1998 et 2001. Ils sont suivis par l’Égypte, la France, l’Espagne et l’Italie. Hormis l’Égypte, qui est intervenue dans le secteur de la téléphonie, tous ces pays sont principalement investisseurs dans les hydrocarbures. Dans ce contexte, une des plus importantes opérations conjointes est le partenariat entre Sonatrach et le consortium Anadarko-Lasmo-Maersk Oil, pour le développement d’un gisement pétrolier au sud de Hassi-Berkine. En juillet 2002, l’Algérie a accordé sur enchères sept nouveaux terrains d’exploration à des compagnies étrangères, dont le consortium est composé de Total et Cepsae. Par ailleurs, le géant anglo-néerlandais BP-Amoco met en place, en partenariat avec Sonatrach, un projet d’investissement de 2,01 milliards d’euros dans la région d’In-Salah afin d’augmenter la production gazière.
Globalement, c’est tout le secteur de l’énergie qui focalise l’attention des partenaires étrangers. La libéralisation du secteur de l’électricité étant, depuis une loi de 2002, plus avancée que celle des hydrocarbures, la Sonelgaz (la compagnie nationale de l’électricité et du gaz) est en phase de devenir une société par actions, dont le capital pourra être ouvert à la souscription privée.
Les États-Unis ont déjà marqué leur intérêt. La US Trade and Development Agency a approuvé une aide de 451 000 euros pour cette opération et pour la mise en place d’une autorité de régulation et de distribution de l’électricité et du gaz.
Le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication est également propice aux IDE. Une loi sur la poste et les télécommunications a permis dès juillet 2000 de transformer l’administration concernée en société commerciale par actions (Algérie Télécom), et d’ouvrir le segment de la téléphonie mobile à deux opérateurs privés arabes d’Égypte et du Koweït. Deux autres mesures devraient attirer de nouveaux partenaires en 2004 et 2005 : l’ouverture du capital d’Algérie Télécom qui s’accompagne de la libéralisation du secteur de la téléphonie fixe. À cela s’ajoute l’essor de l’informatique et d’Internet. Compte tenu de la faible densité téléphonique de l’Algérie (10 % en 2003) par rapport aux pays développés (120 %), le secteur reste encore peu exploré et devrait offrir des marges de profit importantes pour les investisseurs potentiels. Les opportunités s’étendent à la production de téléphones mobiles et au domaine du numérique. Sitel-France, partenaire d’Ericsson pour l’extension du réseau GSM, a annoncé la production des premiers portables « made in Algeria » en 2004. Pour accélérer les investissements, les autorités ont engagé la réalisation du Parc technologique de Sidi Abdallah, sur l’exemple de celui de Dubaï (Internet City) ou de Maurice (Cyber Island).
En marge de ce secteur, les industries électroniques devraient également attirer de nouveaux partenaires internationaux. En outre, d’importants chantiers de construction et de rénovation d’infrastructures s’ouvrent à la suite du « plan de soutien à la relance économique » lancé en 2001, pour un volume global de 6,03 milliards d’euros.
Ainsi, le projet d’autoroute Est-Ouest sur 1 200 km a fait l’objet d’une demande de concession d’un consortium international de « droit américain » qui verra la participation de treize pays, dont plusieurs européens. Dans le domaine agroalimentaire et halieutique, le lancement en juillet 2000 du Programme national de développement agricole (PNDA) attire les investisseurs, notamment dans le secteur de la transformation des fruits. Un projet de 8 millions d’euros, piloté par l’Office national de développement pour l’aquaculture, portant sur la réalisation d’une ferme aquacole d’élevage de loup et de dorade, a obtenu le soutien de l’Organisation arabe pour l’investissement et le développement agricole (Oaida).
Enfin, en matière de tourisme, les autorités ont délimité 174 zones d’expansion touristique réparties sur tout le territoire national.
Pour concrétiser toutes ces opportunités, il reste cependant à lever de nombreux obstacles. Le classement du risque-pays 2004 de l’Algérie par la Coface (France) et le Ducroire (Belgique) maintient le pays au niveau B, comme la Turquie ou l’Égypte. Autrement dit, malgré les bonnes performances macroéconomiques enregistrées en 2003, dues à une conjoncture exceptionnelle du marché pétrolier et à de bonnes conditions climatiques pour l’agriculture, ces agences estiment que des réformes structurelles demeurent indispensables pour pérenniser la croissance, réduire le chômage endémique et attirer durablement les investisseurs étrangers.
La compétitivité du pays reste insuffisante. Ainsi, selon le rapport 2003 sur la compétitivité des systèmes économiques nationaux du Forum économique mondial (Davos), l’Algérie se classe au 74e rang mondial, derrière la Tunisie (38e), l’Égypte (58e) et le Maroc (61e).
La taille du marché (31 millions d’habitants), en l’absence de réelles perspectives maghrébines, pénalise également le pays. Mais surtout, le blocage du processus de privatisation des grandes entreprises publiques, en particulier pour Sonatrach, le fleuron de l’économie algérienne, n’est pas pour rassurer les investisseurs potentiels. D’autant que, par ailleurs, le secteur privé local, parent pauvre de la politique économique, reste cantonné sous la forme de PME et de PMI, malgré sa contribution de plus en plus forte à la valeur ajoutée nationale. Enfin, et plus généralement, l’ensemble des secteurs souffre de quatre contraintes majeures qui freinent l’afflux durable de partenaires : un système foncier archaïque qui rend difficile l’accès aux terrains d’assiettes (zones viabilisées pour les opérateurs économiques) ; un système éducatif qui forme des candidats en inadéquation par rapport aux besoins attendus des investisseurs ; un système bancaire et administratif procédurier, bureaucratique et peu transparent qui allonge les délais et ralentit les décisions ; une insécurité juridique et physique qui perdure malgré le recul du terrorisme.
Une étude récente de la Banque mondiale sur la gouvernance dans le monde confirme que la performance algérienne en la matière reste faible. L’Algérie obtient une moyenne de 25 sur une échelle de 100, quand l’Égypte obtient 55, le Maroc 65 et la Tunisie 80.

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