Bill Gates et les autres
Le patron de Microsoft continue de caracoler en tête du palmarès des milliardaires dressépar le magazine américain « Forbes ».
Comme chaque année depuis dix-huit ans, le magazine américain Forbes publie son palmarès mondial des milliardaires. Le dernier classement, paru dans le numéro daté du 15 mars, peut aussi être consulté sur le site Internet www.forbes.com. Il dresse un profil détaillé des 487 milliardaires (en dollars) recensés dans 44 pays : état civil, carrière, hobbies, placements, lieu de résidence, etc. Le président de la Banque mondiale, l’Américain James Wolfensohn, pourrait être tenté de leur adresser ses deux best-sellers dans la série Voices of the Poor (« La voix des pauvres ») : Can Anyone Hear Us ? (« Est-ce que quelqu’un peut nous entendre ? »), ou Crying Out for Change (« L’appel au changement »), deux ouvrages qui donnent la parole à 60 000 pauvres de 60 pays. Leur cri de détresse sera-t-il jamais entendu par le Club des milliardaires ?
Car, hormis celles de l’homme le plus riche du monde, l’Américain Bill Gates, les actions caritatives ne font pas la une de Forbes. Self-made man, le patron de Microsoft, 48 ans, est en effet, depuis une dizaine d’années, le champion incontesté de la philanthropie.
Représentant la valeur nette de son portefeuille d’actions et de ses autres actifs liquides, sa fortune était estimée, au 6 février 2004, à 46,6 milliards de dollars, contre 18,5 milliards en 1996. En plein boom boursier de 1998-1999, elle était de 90 milliards de dollars. Le fondateur de Microsoft sillonne aujourd’hui l’Afrique et l’Asie à la recherche de projets humanitaires. On ne peut pas en dire autant des 274 Américains de la liste (un cumul de 862 milliards de dollars) et des autres.
La deuxième concentration de grosses fortunes se trouve en Allemagne : 42 personnes pour 158 milliards de dollars. C’est là que réside le plus jeune milliardaire de la terre : Albert von Thurn und Taxis, 20 ans, héritier d’un empire immobilier vieux de trois siècles (2,1 milliards de dollars).
Les Arabes du Golfe, dont la situation financière a subi les contrecoups de l’invasion du Koweït et des deux guerres contre l’Irak, figurent en bonne position : le prince saoudien Al-Walid Ibn Talal occupe le quatrième rang mondial avec 21,5 milliards de dollars, soit un doublement en sept ans. L’essentiel de ses investissements, ils les a effectués dans… des entreprises américaines (Citicorp, Disney). Al-Walid est le chef de file de 12 autres milliardaires en pétrodollars (35,1 milliards) répartis entre l’Arabie saoudite, le Koweït, l’émirat de Dubaï et le Liban (la famille Hariri, 4,3 milliards). Pour toute l’Afrique, Forbes ne retient que deux noms : Nicky Oppenheimer (diamants), avec 4,4 milliards de dollars, et Johann Rupert (produits de luxe), avec 1,7 milliard. Il faut dire que le magazine américain ne prend en compte que les fortunes déclarées sous forme de placements boursiers et autres actifs. Tous ceux qui, en Afrique et ailleurs, gèlent leurs avoirs dans des comptes bancaires ou des sociétés offshore, échappent évidemment à tout contrôle.
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