Vos réactions au lendemain de l’exécution de l’ancien dictateur irakien

Publié le 8 janvier 2007 Lecture : 3 minutes.

Saddam Hussein le martyr
– Saddam est mort en martyr. Exécuté froidement par les Irakiens devant l’insistance de la Maison Blanche. Repose en paix Saddam. Croyant sincère, il est mort en homme digne, avec l’au-delà pour dernière demeure. Mes condoléances au peuple irakien, et particulièrement à sa famille, dont je partage le deuil.
Adama Keita, Nouakchott, Mauritanie

Il faut juger Bush le boucher
– Le président Saddam Hussein est mort, pendu comme un bandit par un tribunal irakien à la solde des États-Unis. Résultat : l’Irak est brisé, le pays fragmenté et le gouverneur fantoche irakien désavoué. George W. Bush peut être satisfait des résultats du mal qu’il a causé au peuple irakien en général et à la nation arabe en particulier. L’exécution de Saddam permet au président Bush de jubiler. À ses yeux, cette pendaison est une étape importante vers l’établissement de la démocratie en Irak et d’une société de justice. À propos de justice : d’après les calculs très fiables d’ONG internationales, Bush est responsable de la mort de 650 000 civils irakiens. Ceci amène à poser la question suivante : quand George W. Bush sera-t-il traduit devant les tribunaux et jugé pour ses crimes contre l’humanité ?
Mohamed Seghaï, Montréal, Canada

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Nous sommes tous des lâches
– Permettez-moi d’exprimer ici mon indignation quant à l’exécution du président Saddam Hussein. Je compatis à la douleur des personnes dont les familles ont été gazées ou sommairement exécutées par le régime de Saddam Hussein. Mais je suis littéralement consterné par le silence des grandes démocraties européennes et plus encore par celui des organisations de défense des droits de l’homme. Est-ce la fin des grands principes de droit qui fondent la démocratie ? Ou est-ce parce que ce crime a été commandité par le maître de l’univers, les États-Unis ? Nous sommes tous des lâches.
Gervais Téti, Montreuil-sous-Bois, France

Vie et « morts » d’un raïs
– Sa première mort a été la prise de Bagdad en avril 2003. Il n’est pas facile pour un homme qui a géré pendant près de trente ans son pays comme si c’était sa propriété privée de se retrouver du jour au lendemain privé de tout pouvoir. Sa deuxième mort a été l’assassinat de ses deux tyranneaux de fils. Sa troisième mort est sa capture à la manière d’un gibier traqué jusque dans sa tanière et sa présentation, crasseux et hirsute, aux médias du monde entier. Une déchéance pour un homme qui a vécu dans un luxe extravagant. Sa quatrième mort, c’est son exécution le 30 décembre 2006, après un procès qu’on laisse aux historiens le soin de qualifier. En réalité, Saddam était déjà mort le jour où il a perdu son pays, son armée et son pouvoir. Mais qu’en est-il des autres protagonistes ? Ils font de la peine. Ne croyez-vous pas qu’ils meurent tous les jours mille fois ?
Rappelez-vous de la posture triomphaliste de Bush sur son porte-avions. Hélas pour lui, depuis, il a perdu la face. La randonnée qu’il escomptait faire en Irak s’est avérée un piège duquel il ne peut sortir indemne : son parti a perdu les dernières élections de la mi-mandat, sans compter les pertes humaines et le coût exorbitant de cette aventure. Quant aux Irakiens, leur situation n’est guère meilleure. Le gouvernement, confiné dans une zone dite verte et que l’armée américaine peine à sécuriser, n’a aucune prise sur le pays. La guerre civile n’est pas à venir, elle est déjà installée.
Jamel-Eddine Bouachba, Le Kram, Tunisie

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