Vaccins : bientôt une usine BioNTech au Rwanda
Évoquée en marge du G20, l’hypothèse de voir construire des usines de vaccins BioNTech en Afrique s’est confirmée ce 26 octobre avec la signature d’un accord entre la firme allemande et Kigali. Début des travaux : mi-2022.
C’est le Rwanda qui accueillera la première usine de fabrication de vaccins utilisant la technologie à ARN-messager de BioNTech sur le sol africain. Un accord a été signé en ce sens ce 26 octobre par les autorités de Kigali et la direction de la start-up de biotechnologies basée en Allemagne, devenue mondialement célèbre en produisant, avec le géant pharmaceutique américain Pfizer, le vaccin réputé le plus efficace contre le Covid-19.
Les partenaires veulent aller vite : la construction du site de production doit commencer dès le milieu de l’année 2022 et, pour permettre la production de vaccins dans les délais les plus brefs possibles, il est prévu d’assembler d’abord une première ligne de production complète, d’une capacité de 50 millions de doses par an. Le projet est d’ajouter ensuite d’autres lignes afin d’accroître progressivement la capacité de production.
Toujours dans le souci d’aller vite, c’est dans un premier temps BioNTech qui gèrera le site industriel et y enverra son propre personnel, le but étant de commencer la production sitôt l’infrastructure achevée. Mais l’accord signé entre l’entreprise, le Rwanda Development Board et l’Institut Pasteur de Dakar prévoit la formation rapide de personnel local, ainsi que le transfert du savoir-faire et de la propriété du site à des « partenaires locaux ».
Paludisme et tuberculose
Selon les signataires, le site rwandais est conçu pour être le premier d’un « réseau de production robuste et décentralisé en Afrique, offrant une capacité de production de plusieurs centaines de millions de doses de vaccins ARN-m ». L’idée n’est d’ailleurs pas de se limiter au sérum anti-Covid mais aussi de produire, à terme, des vaccins contre le paludisme et la tuberculose basés sur la même technologie.
Seul 1 % des vaccins administrés sur le continent sont produits en Afrique
Les contours de l’accord avaient déjà été esquissés le 27 août en marge du G20 de Berlin, lors d’une rencontre entre les présidents sénégalais et rwandais, la patronne de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le cofondateur de BioNTech, Uğur Şahin. Réunis à l’initiative de la Fondation Kenup, un organisme à but non lucratif créé en 2014 dans le but de promouvoir des politiques de santé plus justes, les quatre acteurs avaient affiché leur intention de faciliter l’implantation rapide d’unités de production de vaccins sur le continent et répété que le Sénégal et le Rwanda étaient, avec l’Afrique du Sud, les pays les plus susceptibles d’accueillir ces sites industriels.
Bientôt au Sénégal
Les signataires de l’accord concernant le site rwandais ont d’ailleurs précisé que BioNTech discutait actuellement avec Biovac, son partenaire en Afrique du Sud, afin d’« étendre leur collaboration ». Pour l’heure, le site sud-africain ne fait que du « fill & finish » et ne maîtrise pas l’ensemble de la technologie de production. Aucune annonce n’a encore été faite quant à la construction d’une unité de production au Sénégal, mais ce devrait logiquement être l’étape suivante du partenariat. Le pays est régulièrement cité comme l’un des plus aptes à produire rapidement des vaccins, y compris par les spécialistes des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies Africa CDC, la branche de l’Union africaine consacrée à la lutte contre les épidémies.
À ce jour, seul 1 % des vaccins administrés sur le continent sont produits en Afrique, mais l’UA affiche des objectifs ambitieux en la matière, parlant de 60 % en 2040. Les plus optimistes citent les exemples du Brésil et surtout de l’Inde, qui sont parvenus à développer des industries pharmaceutiques nationales performantes en quelques décennies. La volonté affichée d’harmoniser les règles, notamment celles relatives à la propriété intellectuelle, à l’échelle du continent devrait permettre d’avancer même si de nombreux obstacles, au premier rang desquels les brevets détenus par les grands laboratoires, restent à lever.
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