Cellou Dalein Diallo

Ancien Premier ministre de Guinée

Publié le 8 janvier 2007 Lecture : 3 minutes.

« Je suis très heureux d’être venu chez vous. J’ai tardé à le faire. Si l’occasion s’était présentée plus tôt, je l’aurais saisie pour visiter le siège de ce journal que je respecte. Mais Dieu a voulu que cela se fasse aujourd’hui. » Ces mots disent tout du personnage qui a rendu visite à Jeune Afrique, début décembre, à l’occasion de l’un de ses passages à Paris. Cellou Dalein Diallo est d’une rare délicatesse. Sa voix rassure autant que ses bonnes manières. Sa courtoisie est telle qu’elle gêne parfois son interlocuteur. C’est à peine s’il ne s’excuse pas avant de parler, développer ses idées sur les questions économiques et sociales de son pays. Ses traits fins et son teint clair font de ce Peul, né il y a cinquante-cinq ans à Labé, la métropole du Foutah (la région de la Moyenne Guinée), un personnage avenant et affable. D’origine aristocratique, descendant de l’almamy Alpha Yaya, Cellou, comme l’appellent ses compatriotes, a été élevé dans la pure tradition peule.

Devenu Premier ministre de Lansana Conté le 9 décembre 2004, il a été brutalement limogé le 5 avril 2005 pour « faute lourde », accusé d’avoir fait signer la veille au chef de l’État « un faux décret » qui a profondément remanié le gouvernement. Beaucoup à sa place auraient évoqué les troubles de mémoire connus de Conté, et crié au scandale. Pas Cellou. Tout au plus a-t-il remercié ce dernier de l’avoir nommé à différents postes ministériels, de 1996 à 2006.
Neuf mois après avoir quitté le pouvoir, il reste égal à lui-même, toujours réservé. Mais il regrette de ne pas avoir pu achever les réformes économiques qu’il avait entreprises pour sortir son pays de la grave crise qui le ronge depuis plusieurs années. « Il n’y a pas eu de progrès sur les chantiers que j’avais engagés lorsque j’étais aux affaires, se désole-t-il. J’avais décidé de concentrer l’action gouvernementale sur cinq priorités : la réduction de l’inflation, la distribution d’eau potable, les télécommunications, l’électricité et la lutte contre le sida. »
L’inflation, qui a fini par laminer le pouvoir d’achat des Guinéens (le prix d’un sac de riz de 50 kg est aujourd’hui plus élevé que le salaire moyen) ne peut être stoppée que par une amélioration du cadre macroéconomique. Laquelle passe par la reprise du dialogue avec les partenaires extérieurs. Usant de son entregent, Cellou a réussi, en février 2006, à conclure un programme avec le Fonds monétaire international (FMI). À la clé, l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) en novembre de la même année. En clair, l’annulation d’une bonne partie de l’ardoise de 1 milliard de dollars ainsi qu’une chute du service annuel de la dette de 180 à 65 millions de dollars. Mais son limogeage quelques jours avant que le pays ne passe en conseil d’administration du FMI a stoppé net cette timide reprise des relations longtemps rompues avec la communauté financière internationale.
Sur tous les aspects de l’économie guinéenne, Cellou a son diagnostic étayé et ses solutions chiffrées. C’est la prime à l’expérience tout au long d’une carrière commencée en 1982 à la Banque guinéenne du commerce extérieur, puis poursuivie à la Banque centrale, où il a gravi les échelons de 1985 à 1995. Après un court passage à l’Administration et contrôle des grands projets (ACGP), il a été nommé à différents postes ministériels de 1996 à 2006 : Transports, Télécommunications et Tourisme ; Équipement, Transport, Télécommunications, Travaux publics et Environnement ; Pêche et Aquaculture

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Arrivé à la primature, il n’a pu donner toute sa mesure. Et a dû sortir de son pays en mai 2006, pour « se reposer », mais aussi pour rendre visite à des chefs d’État africains (Wade, Amadou Toumani Touré, Tejjan Kabbah, Yahya Jammeh, Faure Gnassingbé) ainsi qu’à ses amis au sein des institutions financières et dans les capitales occidentales. Va-t-il se résoudre à la retraite à « seulement » 55 ans ? Cherchera-t-il à se forger un destin national ? « Pour l’heure, je me repose et je réfléchis, coupe-t-il. Je n’ai pas encore pris une décision. On verra quand je rentrerai en Guinée. »

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