Optimisme raisonnable
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Une pathologie mortelle causée par la pauvreté, engendrant la pauvreté, touchant presque exclusivement des populations démunies : triste tableau que celui du paludisme en 2005. Lorsque des populations développées étaient encore victimes du Plasmodium, comme celles du sud de la France, par exemple, la recherche s’attelait à trouver des solutions et des financements. Puis un terrible relâchement s’est produit. Et les déclarations officielles sont restées sans effet. On ne compte plus les annonces d’une éradication espérée pour telle ou telle échéance.
Serait-on, cette fois, sur la bonne voie ? En matière de financement, d’abord, la lutte contre le paludisme s’est vu attribuer, en 1999, 19 millions de dollars par les agences de développement internationales. En 2004, ce montant a atteint 600 millions de dollars, en grande partie grâce à la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose, en 2001. Par ailleurs, des mécanismes internationaux sont en cours d’élaboration : à l’initiative de la France et avec le soutien, notamment, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, une taxation de quelques euros sur chaque billet d’avion pourrait être reversée à la lutte contre les grandes pandémies. Les États-Unis, quant à eux, ont décidé, en juin dernier, de consacrer 1,2 milliard de dollars à une initiative internationale de lutte contre le paludisme au cours des cinq prochaines années. Et des fondations privées, comme celle de Bill et Melinda Gates, ont classé cette pathologie au rang des priorités et financent programmes ou organismes internationaux. Toutefois, 3,2 milliards de dollars par an sont nécessaires pour assurer prévention et traitement, et le compte n’y est pas.
D’un point de vue scientifique également, des espoirs sont permis. Les génomes de l’anophèle et du Plasmodium ayant été décryptés, nul doute que des recherches seront menées à partir de ces données. La mise au point de traitements efficaces et peu chers, comme le Coartem et le Coarsucam, laisse à penser que la mort des plus pauvres ne sera plus une fatalité. Quant au vaccin, seule issue pour une éradication totale, il n’est plus tout à fait du domaine de l’utopie. Un très sérieux candidat a été testé au Mozambique, et des résultats encourageants ont été obtenus. Comme le Coarsucam, il est le fruit d’un partenariat public-privé entre le Centre mozambicain de recherche en santé publique, le laboratoire GSK Biologicals et la Malaria Vaccine Initiative, créée en 1999 avec un soutien de la Fondation Gates. S’il se révélait performant, on pourrait espérer le produire et le distribuer en 2010.
Mais d’ici à ce que la couverture en moustiquaires imprégnées soit totale sur le continent, que le Coarsucam soit distribué dans tous les pays où il est urgemment requis et que tous les enfants puissent bénéficier d’une immunisation, le Plasmodium poursuit sa cohabitation parfaite avec l’anophèle qui, lui, continue de se nourrir de sang humain.
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