Gros temps dans l’archipel

Un président déclaré élu, un autre autoproclamé vainqueur. Le tout sur fond d’affrontements sanglants. L’Histoire se répète.

Publié le 7 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

L’élection présidentielle à Zanzibar, annoncée en mars, a finalement eu lieu le 30 octobre. Et, comme redouté, le scrutin a été émaillé de controverses et d’affrontements, un président ayant été déclaré élu, un autre s’étant autoproclamé vainqueur. Depuis que le multipartisme a été instauré dans l’archipel semi-autonome, en 1995, la tension politique est restée vive, et les consultations électorales régulièrement soumises à des heurts entre partisans du principal parti de l’opposition, le Civic United Front (CUF), et les forces de l’ordre. Il n’y a pas eu d’exception, cette fois non plus.
C’était déjà la même chose en 1995, lors de la toute première élection pluraliste. Mais aussi en 2000, quand le Chama Cha Mapinduzi (CCM, au pouvoir) s’était arrogé de nouveau la majorité des voix. Amani Karume, fils du premier président de Zanzibar, avait alors gagné avec quelques points d’avance. Aux dépens du CUF de Seif Shariff Hamad, qui avait violemment dénoncé des fraudes. Dans 16 circonscriptions sur 50, l’élection avait été annulée et reportée. Ce qui n’avait pas empêché le CUF de la boycotter, et vingt-trois Zanzibaris de perdre la vie dans les combats qui, plusieurs semaines durant, avaient secoué l’archipel.
Pour éviter un nouveau bain de sang, les autorités et le CUF avaient tenté de s’entendre en signant en 2001 la Muafaka, l’entente politique. Malgré cet accord, les élections qui se sont tenues le 30 octobre ont été entachées de violence et, probablement, de fraudes. Si les observateurs de l’Institut national pour la démocratie (NDI, une ONG américaine) ont émis des doutes sur la régularité de l’élection et l’attitude des forces de l’ordre, l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et le Commonwealth ont finalement reconnu la victoire du président sortant : Amani Karume, qui a totalisé 53,6 % des suffrages. Mais les nombreuses échauffourées qui ont eu lieu au cours du scrutin ont fait au moins un mort.
À quarante kilomètres à l’ouest de l’archipel, sur le continent, le reste de la Tanzanie attend d’organiser, à son tour, son scrutin présidentiel. En raison du décès récent d’un candidat du Chadema (opposition), l’élection du chef de l’Union a été reportée au 18 décembre. Et devrait porter au pouvoir Jakaya Kikwete, le candidat du CCM. Avec un exécutif bicéphale, deux capitales et deux présidents, la République unie de Tanzanie n’aurait-elle d’uni que le nom ? En tout cas, la stabilité et le calme qui règnent sur le mainland tranchent avec le climat délétère qu’a connu Zanzibar lors du scrutin du 30 octobre.

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