Café « éthique »

Le géant agroalimentaire suisse se lance dans le commerce équitable. Une minirévolution.

Publié le 7 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

« Le café qui aide les producteurs, leurs communautés et l’environnement ». Cette inscription sur les boîtes du Nescafé Partners’ Blend – lancé au Royaume-Uni le 7 octobre – témoigne d’une minirévolution : l’entrée du géant agroalimentaire sur le marché du commerce équitable. Après avoir longtemps affirmé que payer les producteurs de café au-dessus des prix du marché risquait de conduire à une situation de surproduction, et en conséquence à une nouvelle chute des cours mondiaux, le torréfacteur suisse a donc effectué un virage à 360 degrés. « Et fait un petit pas dans la bonne direction », estime le porte-parole de l’ONG britannique Oxfam.
Principale raison de ce revirement : le succès croissant remporté par les produits équitables, dont les ventes au Royaume-Uni progressent aujourd’hui de 40 % à 50 % par an. De quoi aiguiser l’appétit de Nestlé, même si les ventes de café soluble « éthique » ne représentent pour l’instant que 4 % du marché. Cette approche réjouit la Fondation pour le commerce équitable, l’organisme britannique indépendant qui a délivré la certification arborée fièrement par le dernier-né de la famille des cafés instantanés Nestlé, torréfié à partir de graines d’arabica de qualité supérieure en provenance d’Éthiopie et du Salvador. Le choix du suisse pourrait, selon Harriet Lamb, directrice de la Fondation, inciter les trois autres grands torréfacteurs mondiaux – Kraft, Procter & Gamble et Sara Lee – à suivre le même chemin. Pour l’instant, Kraft Foods a préféré s’engager sur la voie du développement durable, en lançant, début 2005, en partenariat avec l’association new-yorkaise Rainforest Alliance, son « café pour agir ». Qui, contrairement au « café équitable », ne garantit pas de prix minimum pour l’achat des graines.
L’arrivée remarquée de Nestlé sur le marché équitable est cependant loin de faire l’unanimité. Notamment parmi les « puristes », qui estiment que le commerce équitable – lancé dans les années 1980 en Allemagne et aux Pays-Bas et implanté aujourd’hui dans vingt pays – est censé s’opposer aux pratiques des multinationales. Ils s’étonnent que le géant suisse soit parvenu à se faire certifier. Inquiétude également du côté des petits groupes indépendants pionniers. « Nous avons toujours affirmé que, pour avoir un réel impact sur la réduction de la pauvreté dans le monde, nous avions besoin de l’engagement des grandes sociétés. Le revers de la médaille, c’est que nous nous retrouvons dorénavant face à un concurrent de taille », explique Paul Chandler, à la tête de l’entreprise Traidcraft, spécialisée dans la vente de produits respectant les règles du commerce équitable.

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