Bienvenue au Burkina

Ouagadougou veut profiter de l’explosion des voyages de loisir. Et doubler le nombre de visiteurs à l’horizon 2015.

Publié le 7 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

« Il faut encourager le tourisme, car c’est l’un des instruments de croissance durable les plus efficaces dans les pays les plus déshérités », rappelait l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) à la veille de l’Assemblée générale de l’ONU, au mois de septembre. Message reçu cinq sur cinq au Burkina, 175e sur 177 dans l’indicateur de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
Les voyages de loisir devant, selon l’OMT, plus que doubler sur la planète dans les quinze ans à venir, les Burkinabè entendent attraper le train en marche. Et en faire même la locomotive de l’économie nationale. D’où l’accent mis, lors du deuxième Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (Sitho), du 6 au 9 octobre, sur « le développement et la qualité des services touristiques » dans le pays. Coût de l’opération : 40 millions de F CFA. Objectif : « Mettre en relief les atouts du Burkina et de la sous-région, car nous n’avons pas, pour l’instant, en Afrique de l’Ouest, de politique de promotion de nos sites et de nos valeurs artistiques, en dehors de ce qui est purement culturel, comme le Fespaco et le SIAO », explique le ministre burkinabè de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamadou Ouedraogo, faisant référence aux deux manifestations phares de la capitale burkinabè, le festival panafricain de cinéma et de télévision et le salon international de l’artisanat.
Les 87 professionnels présents au Sitho se sont donc empressés de faire connaître à la dizaine de tour-opérateurs et de journalistes français invités pour l’occasion les atouts de leur pays : richesse culturelle de la population (une soixantaine d’ethnies aux coutumes très variées), diversité géographique, position de carrefour et stabilité politique. « Il y a les dunes du Sahel au Nord, quatre réserves naturelles dans la savane, au Centre, et les marges de la forêt tropicale dans la partie méridionale », énumère Maurice de Villepin, un agent de voyage français. « Le pays des Hommes intègres est par ailleurs celui des hommes tranquilles. Un tel climat politique, cela n’a pas de prix », renchérit Christophe Bonnafous, du voyagiste français Club Med/Jet Tours. Pourtant, malgré tous ces avantages, le Burkina fait encore figure de parent pauvre du tourisme africain : il n’a accueilli l’an dernier que 230 000 visiteurs sur les 33 millions qui ont choisi l’Afrique. La concurrence du Sénégal, du Mali, mais aussi et surtout celle du Maroc, de l’Égypte et de la Tunisie, sont féroces.
Si le Burkina ne parvient pas à attirer les touristes, c’est principalement parce que le pays est largement sous-programmé dans les brochures des tour-opérateurs. La faute au déficit d’image dont pâtit la destination. « Nous n’avons ni Tombouctou, ni le pays dogon. Nous n’avons pas non plus Agadès ou le désert du Ténéré », confie, lucide, le président du comité d’organisation du Sitho, Isidore Nabaloum. La qualité des prestations offertes en matière d’hébergement et d’encadrement est également en cause. Si le Burkina dispose pour l’instant d’un parc hôtelier suffisant – 6 204 lits pour un taux d’occupation de 60 % -, sa répartition pose problème. En dehors de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, les hôtels se font rares, « ce qui contraint les touristes à faire de grands trajets pour se rendre sur nos sites et conduit à une sous-exploitation de notre patrimoine », déplore Bernadette Sanou, directrice de l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB). Quant aux guides accompagnateurs, leurs commentaires sont souvent approximatifs, faute de formation, mais aussi, parfois, à cause de l’embauche d’individus qui n’ont de guide que le nom. « La qualité du guide représente pourtant 50 %, au moins, de la satisfaction du client », rappelle Christophe Bonnafous.
Reste le poids des mentalités locales, que les autorités aimeraient aussi faire évoluer. « Nous avons encore cette tendance à croire que ce que nous faisons est bien, parce que les gens nous disent qu’ils sont contents. Mais peut-être ne nous disent-ils pas tout… », s’interroge Isidore Nabaloum. Mahamadou Ouedraogo est, lui, plus direct : « Les professionnels locaux ne sont pas assez combatifs, ils ne font pas la démarche d’aller vers le client. Or le tourisme moderne ne peut pas tolérer la passivité, il nécessite avant tout de l’agressivité. » De l’agressivité, pour atteindre l’objectif que se sont fixé les autorités burkinabè : doubler le nombre de touristes à l’horizon 2015.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires