Zimbabwe : l’histoire secrète de la fuite de Mnangagwa

« Sauve qui peut ! » 5/6. En 2017, Emmerson Mnangagwa a beau être l’un des hommes les plus redoutés du pays, c’est incognito, rampant dans les marais et à travers brousse, qu’il prend la fuite, un jour de novembre. À ses trousses, les sbires de Robert et Grace Mugabe.

Emmerson Mnangagwa, le 25 mai 2019. © Siphiwe Sibeko/REUTERS

Emmerson Mnangagwa, le 25 mai 2019. © Siphiwe Sibeko/REUTERS

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 3 décembre 2021 Lecture : 9 minutes.

« Jeune Afrique » © JA
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[Série] Sauve qui peut !

Bozizé et Patassé, Mobutu, Bédié, Amadou Toumani Touré, Mnangagwa, Atangana Kouna… Tous ces hommes qui ont un jour été puissants, et qui parfois le sont redevenus, ont un point commun : ils ont été contraints de quitter leur pays. « Jeune Afrique » vous fait le récit de ces fuites inattendues, et parfois rocambolesques.

Sommaire

Emmerson Mnangagwa se souvient-il de l’humidité de cette nuit de novembre 2017 et des aboiements des chiens lancés à sa poursuite ? Devenu président du Zimbabwe, a-t-il oublié ces heures interminables durant lesquelles, rampant dans la brousse, il a fui la fureur du couple Mugabe et de leurs partisans ? Cet épisode, le journaliste et écrivain zimbabwéen Douglas Rogers l’a décrit avec force détails dans une enquête fouillée (Two Weeks in November, Londres, éditions Short Books), parue en 2018.

L’histoire que nous raconte Douglas Rogers commence quelques années plus tôt, un jour de l’hiver austral 2014. Fraîchement réélu pour un quatrième mandat, Robert Mugabe annonce sa décision de nommer la première dame à la tête de la branche féminine de la Zanu-PF et son entrée consécutive au sein du bureau politique. Parmi les caciques du parti, nul n’ignore l’ascendant qu’a pris cette ex-secrétaire sur le vieux leader, de quarante et un ans son aîné. En silence, chacun redoute et désapprouve cette double nomination.

Très vite, la première dame se comporte en président bis. Elle convoque les ministres, priés de se rendre à l’audience un carnet de notes à la main, et entreprend de marginaliser les « historiques » du parti en plaçant à la tête des fédérations locales des éléments de sa propre écurie, des quadras ambitieux, trop jeunes pour avoir participé à la glorieuse « chimurenga », la lutte armée contre le pouvoir pâle. C’est le G40.

Buffle du Zambèze

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