Fasopro met des chenilles dans vos assiettes
Fasopro, une jeune start-up burkinabè, a lancé une campagne de financement en vue de commercialiser… la chenille de karité. Le démarrage de la phase industrielle au Burkina Faso est prévu pour 2015.
Lutter contre la malnutrition grâce aux insectes ? C’est possible. Et c’est bien ce qu’entend démontrer Fasopro, une jeune start-up burkinabè qui vient de lancer une campagne de financement participatif en ligne afin de commercialiser son produit phare : la chenille de karité. Alors que l’ONU vient d’annoncer la création d’un plan triennal d’intervention stratégique visant à récolter 2 milliards de dollars afin de lutter contre l’insécurité alimentaire dans le Sahel, les initiatives locales pour lutter contre le fléau de la malnutrition en Afrique se multiplient.
Parmi les plus prometteuses, Fasopro s’est spécialisée dans le développement de produits nutritionnels à base de chenilles de karité. Très consommées au Burkina, et plus particulièrement dans l’ouest du pays, ces dernières ont l’avantage d’être très riches en protéines et de pouvoir ainsi se substituer à la viande.
La chenille pourrait se vendre en supermarchés mais aussi être intégrée aux menus de certains restaurants burkinabè
À l’origine de Fasopro, Kahitouo Hien, un jeune ingénieur diplômé de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) à Ouagadougou. En 2012, alors qu’il est encore étudiant, son projet est déjà récompensé par le prix du meilleur impact social lors de la Global Social Venture Competition qui a lieu tous les ans à Berkeley, aux États-Unis.
Maîtriser l’élevage des chenilles
Profitant aujourd’hui du technopôle 2iE et de son « incubateur » qui met à disposition des moyens techniques et financiers pour ses recherches, Kahitouo travaille sur la commercialisation de chenilles fraîches conditionnées en sachet de 200 g, 500 g et 1 kg. Au préalable, le jeune entrepreneur étudie les différentes façons de maîtriser l’élevage de chenilles qui n’existe pas, pour l’instant, au Burkina Faso.
Selon Lisa Barutel, chargée d’entreprenariat au technopôle 2iE, le principal problème réside avant tout dans le fait que les chenilles dorment 9 mois par an. « Il faut donc trouver le moyen de réduire ce temps de sommeil à seulement un mois afin d’avoir des chenilles disponibles toute l’année », explique t-elle.
Lancement de la phase industrielle en 2015
Sur un coût total de 460 000 euros, Fasopro a besoin de 50 000 euros pour la « phase pilote » de son projet. Pour ce faire, une levée de de fond a été lancée via une campagne de financement participatif en ligne. Pour l’instant, celle-ci vise à récolter 10 000 euros et le reste devrait provenir de fondations et autres partenaires du projet. Une fois l’acquisition et la location des équipements de productions effectués, la collecte des chenilles devrait commencer en juillet 2014.
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Cette dernière sera réalisée par une centaine de femmes qui travaillent habituellement dans la filière karité (noix, beurre). Le but est de collecter 10 tonnes de chenilles afin de tester le produit auprès du public, mais surtout de mettre en place un large réseau de fournisseurs et de distributeurs nécessaires pour le lancement de la phase industrielle en 2015.
Déjà intégré dans les habitudes alimentaires locales, la chenille pourrait donc se vendre en sachet dans les supermarchés et les alimentations mais aussi être intégrée aux menus de certains restaurants burkinabè et intéresser un public étranger. Les sachets d’1 kg seront vendus au prix de 3000 F CFA (4,50 euros) et Fasopro s’est engagé à envoyer un « pack de dégustation » aux donateurs les plus généreux. Avis aux amateurs…
Mis à jour le 08/02/2014, 12h30 CET : la dénomination complète du 2IE est bien l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement.
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