Un Père Noël en plein mois d’août

Publié le 7 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Hugo Chávez a achevé sa tournée planétaire comme il l’avait commencée : par des provocations. Après la Biélorussie, la Russie, l’Iran et le Vietnam, le président vénézuélien a fait escale au Mali et au Bénin, le 2 août. Il faut s’unir « contre les abus de l’impérialisme et du néolibéralisme, car nous sommes un seul et même peuple », a-t-il déclaré à son arrivée, en pleine nuit, à l’aéroport de Bamako. Une allusion à peine voilée à l’ennemi américain. Le 23 juillet, à Minsk, il avait déjà évoqué les « mâchoires de l’impérialisme » dans lesquelles, à l’en croire, Biélorusses et Vénézuéliens – et quelques autres – se trouveraient pris. Bref, sa campagne pour l’obtention d’un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU bat son plein.
Bouquet de fleur, calebasse pleine de colas, groupes folkloriques, cadeaux en tout genre (notamment un boubou et une calotte) et coups de canon en guise de bienvenue ?À Bamako comme à Cotonou, « Hugo Boss » a été accueilli comme un invité de marque. « Les Africains et les Latino-Américains sont très proches, a-t-il lancé à un journaliste, se sachant filmé. Nos continents se font face. Je me sens ici chez moi, comme un poisson dans l’eau. D’ailleurs, je suis métis, mon père est noir comme Amadou. [Amadou Toumani Touré, le président malien, bien sûr]. »
Le « révolutionnaire de Caracas » a certes le verbe haut, mais il ne s’est pas contenté de mots. Au Mali, il a symboliquement signé trois accords de coopération : suppression des visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service, mémorandum d’entente entre les ministères de l’Énergie, programme commun entre les services des Affaires étrangères. Il a aussi aligné les promesses. En or noir et en billets verts. Cinquième producteur mondial de pétrole de la planète, le Venezuela fournira au Mali l’équivalent de 100 millions de dollars de brut par an, en échange de minerais d’or et de bauxite (notamment). « Je ne veux pas de paiement en argent, je ne veux même pas que vous me disiez merci », a précisé Chávez, dans sa grande bonté. Si le Mali consent à créer une société nationale de pétrole, il l’aidera à exploiter ses gisements. Il est même prêt à financer la construction d’un ensemble de logements sociaux dans la capitale à condition qu’il soit baptisé « la Bolivarienne », en hommage à Simón Bolívar, el Libertador. En outre, un crédit de 10 millions de dollars doit être mis à la disposition de la Banque malienne de solidarité (BMS), un établissement spécialisé dans la microfinance, un moyen de lutte contre la pauvreté très répandu au Venezuela.
Lors de sa – rapide – visite au Bénin, Chávez a inauguré la nouvelle ambassade du Venezuela. Il a surtout évoqué avec son homologue Yayi Boni la candidature onusienne de son pays. Si le soutien de Cotonou n’est pas définitivement acquis, celui de Bamako ne fait aucun doute : « Si vous êtes au Conseil de sécurité, c’est exactement comme si le Mali y était », lui a confié ATT.

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