Libye : Tripoli, ville ressuscitée
Un an et demi après la fin de l’offensive de Khalifa Haftar et un peu plus d’un mois avant un éventuel scrutin présidentiel, Tripoli renaît. Une renaissance qui n’a pas pour autant fait disparaître les maux endémiques de la capitale libyenne. Reportage.
Chevelure crépue, visage de play-boy d’avant les excès, pose un brin provocatrice : pas de doute, Mouammar Kadhafi est de retour à Tripoli. En tout cas dans les vitrines. À en croire un libraire du centre-ville, le Guide (re)fait recette. Le livre La Nation de la tente (non-traduit en français) de Moujahid al-Bousaifi est un succès.
Sorti cet été, l’ouvrage est loin d’être un panégyrique à la gloire de l’ancien dictateur, mais il détonne par sa couverture : un cliché de Kadhafi en gros plan à l’apogée de sa puissance. Pas une milice pour exiger le retrait de l’ouvrage. Les temps changent. Ou plutôt, le temps est cyclique. Tripoli semble revivre la douce euphorie des premiers mois de 2012, avant les élections législatives. Est-ce dû à la mise en place, en mars, du premier gouvernement unitaire depuis 2014, ou à l’organisation prochaine de la première élection présidentielle, annoncée pour le 24 décembre ?
Seif el-Islam, pourquoi pas ?
« Seif el-Islam, président, pourquoi pas ? Je pourrais voter pour lui. Ça serait le meilleur pour unifier le pays », assure, sans ciller, Chibani, un cafetier du quartier chic de Ben Achour. L’homme, cependant prudent, préfère donner un pseudonyme – Chibani signifie « cheveux blancs » – que son vrai nom. Pour ses principaux clients, des jeunes hommes qui n’ont pas ou peu connu la Jamahiriya, voter Seif el-Islam n’est pas tabou, mais leur favori est le Premier ministre, Abdelhamid Dabaiba, qui n’hésite pas à distribuer les dinars – 40 000 dinars (7500 euros) – aux nouveaux mariés. La promesse d’une nouvelle vie.
Ziad raconte un récent mariage auquel il a assisté : « Avec cet argent, le mari a pu acheter un terrain pour leur maison. Sans ça, il serait encore à économiser sans être marié. » À sa table, on se montre quand même méfiant. Deux mois après le lancement du programme, les retards de versement et les histoires de corruption se multiplient. Tous saluent néanmoins l’initiative envers eux – les jeunes – qui se perçoivent souvent comme de la chair à canon pour les différentes batailles qui ont rythmé la vie des Libyens depuis 2011. « Et au moins, ça fait un sujet de conversation plus sympa que les coupures de courant », conclut Ziad en riant.
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