Libye : « Il nous faut une réconciliation économique »
Taxes, subventions, division du territoire en wilayas sur le modèle de l’Algérie et de la Tunisie : l’homme d’affaires libyen Mohamed Raied, grande fortune du pays et député, présente ses réformes chocs pour relancer l’économie.
L’homme d’affaires de Misrata, ville libyenne située à 200 kilomètres à l’est de la capitale Tripoli, détient près de 80 % de part de marché du secteur des produits laitiers avec son entreprise Al-Naseem. Ce qui fait de Mohamed Raied le premier employeur privé de Libye – avec près de 1 600 collaborateurs – et l’une des plus grosses fortunes du pays.
Également présent dans le secteur de la logistique et de la construction, le patron est aussi président de la Chambre de commerce de Libye et député à la Chambre des représentants. Si cet homme aux multiples casquettes n’est officiellement candidat à rien, il a une idée très précise de la façon dont on peut régler les problèmes structurels du pays, plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Ce que Mohamed Raied préconise, c’est un big bang économique.
Jeune Afrique : Pensez-vous que l’élection présidentielle aura lieu le 24 décembre et les élections législatives un mois plus tard comme prévu ?
Mohamed Raied : Nous voulons tous des élections, mais l’environnement n’est pas propice. Nous ne sommes pas prêts. Par exemple, Khalifa Haftar ou ses fils ne pourraient pas afficher leur portrait à Tripoli [capitale du pays, située dans l’ouest du territoire et base du Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’Organisation des Nations unies, ONU]. Et personne d’autre qu’un proche de Haftar ne pourrait faire campagne à Benghazi [la capitale de l’est du pays, aux mains de Khalifa Haftar]. Malgré le comité 5+5 [qui regroupe les responsables des groupes armés de l’est et de l’ouest sous l’égide de l’ONU], il n’y a pas d’unification militaire. Nous assistons à une lutte pour les ressources. Les groupes armés se battent pour l’argent. Pour sortir de l’impasse, il faut arriver à leur faire entendre raison. Il faut une réconciliation économique.
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