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L’amitié trentenaire avec le Maroc a débouché sur une coopération économique poussée.

Publié le 7 août 2006 Lecture : 3 minutes.

Le roi du Maroc a ses habitudes à Libreville. Mohammed VI aime s’y rendre, en visite officielle, ou privée, comme en février 2006, quand il a passé quatre jours de détente intercalés au beau milieu d’une tournée africaine. Il s’y sent pour ainsi dire chez lui, et pas seulement à cause de sa petite propriété privée de la Pointe Denis. Vieille de plus de trois décennies, l’amitié entre le Maroc et le Gabon est d’abord une affaire de famille. Elle s’est transformée, au fil des années, en une coopération de plus en plus poussée.
Tout commence à la fin des années 1960. Le Maroc aspire à jouer un rôle de gendarme et de stabilisateur en Afrique et intervient fréquemment, notamment au Zaïre. Avec l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le Zaïrois Mobutu Sese Seko, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Gabonais Omar Bongo, Hassan II est un des chefs de file du camp des modérés. Et aussi l’un des meilleurs alliés de Paris. Au fil des rencontres, Hassan II et Omar Bongo se lient d’une amitié indéfectible. Issus de la même génération, le prince héritier, Sidi Mohammed, et Ali Ben Bongo, fils aîné du chef de l’État gabonais, et actuel ministre de la Défense, deviennent à leur tour complices.
Empêtré, après 1975, dans la querelle du Sahara occidental, et peinant à faire admettre sa position par la famille africaine, le Maroc a alors besoin d’alliés sûrs. La voix du Gabon, une de celles qui comptent sur le continent, ne lui fera jamais défaut. Le soutien de Libreville devient encore plus précieux après 1984, lorsque Hassan II, excédé par l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, émanation du Front Polisario), décide de quitter l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Le Gabon et le Sénégal, ses alliés traditionnels, sont chargés de veiller au grain.
La coopération entre les deux pays s’ébauche d’abord dans le domaine sécuritaire. Le président Bongo, conseillé par Hassan II, prend des officiers marocains pour sa garde rapprochée. Les prestigieuses académies militaires royales chérifiennes accueillent en nombre des stagiaires gabonais. Notamment des aviateurs. Le royaume offre des bourses aux étudiants gabonais. Les accords d’assistance technique couvrent aujourd’hui un champ très large, qui va du tourisme à l’énergie en passant par la formation professionnelle et les grands travaux d’infrastructures. La grande commission mixte de coopération maroco-gabonaise, instituée en 1980, a tenu sa 5e session à Rabat, du 6 au 9 juin, en marge de la visite du Premier ministre Jean Eyéghé Ndong. Bien que la Tunisie ait supplanté le royaume chérifien comme première destination des étudiants gabonais en Afrique du Nord (on en recense désormais 600 du côté de Tunis, soit trois fois plus qu’au Maroc), l’Agence marocaine de coopération internationale continue d’octroyer annuellement une quarantaine de bourses aux Gabonais. En 2005, les deux pays ont signé un accord relatif aux évacuations sanitaires au bénéfice des patients gabonais dont les pathologies lourdes ne peuvent être traitées à Libreville. Ils ont également décidé d’un partenariat dans le domaine de l’habitat social. Des promoteurs marocains doivent réaliser 3 500 logements à Libreville.
De solides liens économiques se sont développés dans le sillage des relations politiques et des actions de coopération. Dans le transport aérien, Royal Air Maroc, qui dessert Libreville depuis plusieurs années, a été choisie, début 2006, comme actionnaire majoritaire (51 % du capital) de la nouvelle compagnie Air Gabon International (AGI). Dans le secteur bancaire, Othman Benjelloun, le patron du groupe BMCE Bank, s’est rendu à Libreville le 26 juin et a été reçu par le chef de l’État gabonais. Sa filiale de banque d’affaires, BMCE Capital, devrait s’installer à Libreville avant la fin de l’année, en association avec la BGFI Bank. Malgré cela, les échanges commerciaux ne reflètent pas les potentialités offertes par les économies des deux pays. Gabonais et Marocains sont tombés d’accord pour encourager davantage la participation des entreprises marocaines aux grands projets d’infrastructures gabonais et pour favoriser la création de sociétés mixtes. Une aubaine pour les firmes chérifiennes, encore absentes du secteur minier, et à la recherche d’opportunités d’expansion sur le continent…

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