Tunisie : Moncef Marzouki visé par un mandat d’arrêt international

L’ex-président paie ses propos critiques contre Kaïs Saïed, qu’il qualifie de « dictateur ». Mais la procédure a peu de chances d’aboutir.

L’ancien président tunisien Moncef Marzouki, le 28 août 2019, à Tunis. © Hassene Dridi/AP/SIPA

L’ancien président tunisien Moncef Marzouki, le 28 août 2019, à Tunis. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 5 novembre 2021 Lecture : 2 minutes.

Moncef Marzouki, 76 ans et ancien président tunisien, fait l’objet depuis le 4 novembre d’un mandat d’amener international pour atteinte à la sûreté de l’État.

Le 9 octobre, lors d’une manifestation à Paris, le fondateur du Congrès pour la République (CPR), qui réside en France, a incité au soulèvement contre Kaïs Saïed et dénoncé sa mainmise sur tous les pouvoirs.

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Sur sa lancée, il avait appelé les autorités françaises à « rejeter tout appui à ce régime et à cet homme qui ont comploté contre la révolution et qui ont aboli la Constitution » et s’était targué, quelques jours plus tard, d’avoir œuvré au report du Sommet de la Francophonie, prévu initialement à Djerba, les 20 et 21 novembre.

Personnellement froissé

Une sortie dont Marzouki est coutumier : depuis la chaîne qatarie Al Jazeera, il fustige régulièrement Kaïs Saïed, qualifié de dictateur qui a trahi la Constitution depuis son offensive du 25 juillet.

C’en était trop pour Kaïs Saïed, qui, de toutes évidence, a été personnellement froissé par les propos de Marzouki, au point d’évoquer son cas en conseil des ministres. Celui qui, depuis son passage en force du 25 juillet, s’est aussi institué chef du parquet demande l’ouverture d’une enquête sur les déclarations de Moncef Marzouki, auquel il fait retirer dans un premier temps son passeport diplomatique. Le locataire de Carthage accuse l’ancien président d’atteinte à la sûreté de l’État et aux intérêts de la Tunisie.

Les mandats d’amener émis par la justice tunisienne n’ont que rarement été pris en compte par les tribunaux étrangers

L’ancien président devient un ennemi de son propre pays. C’est du moins ce qu’a conclu le juge d’instruction du Tribunal de première instance de Tunis qui a émis le mandat d’amener et saisi Interpol.

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Effets limités

Si l’annonce crée un précédent, ses effets devraient rester limités. Les mandats d’amener émis par la justice tunisienne n’ont que très rarement été pris en compte par les tribunaux étrangers. En général, la personne recherchée est arrêtée lors d’un passage de frontière, mise en garde à vue et interrogée sur les faits qui lui sont reprochés pour examiner la demande d’extradition qu’émettra la Tunisie.

L’avocat défenseur fait alors valoir que le prévenu serait en danger sur le sol tunisien, qu’il peut être l’objet de mesures de rétorsion ou d’une vengeance, d’autant que la peine de mort n’y est pas abolie. Jusqu’à présent, ces arguments ont porté auprès des magistrats devant se prononcer sur une éventuelle extradition, comme cela a été le cas pour le beau-frère de Ben Ali, Belhassen Trabelsi, et pour l’homme politique Slim Riahi.

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Le passage par Carthage, entre 2012 et 2014, de Moncef Marzouki, militant des droits de l’homme et opposant à l’ancien régime, n’a pas laissé un grand souvenir. Beaucoup de Tunisiens gardent en mémoire sa collaboration avec les islamistes, assimilée à une compromission. Il a retenté sa chance par deux fois à la présidentielle, en 2014 et en 2019, mais sa candidature a connu un échec cuisant : 3 % des suffrages en 2019.

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