À l’épreuve des faits

Pari incertain pour James Alix Michel, réélu à la tête du pays le 30 juillet : préserver les acquis sociaux et réussir le virage libéral.

Publié le 7 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Alors que tous s’attendaient à un scrutin serré, les Seychellois ont finalement élu leur président avec une majorité plutôt confortable. James Alix Michel, leader du Seychelles People’s Progressive Front (SPPF), a obtenu, le 30 juillet dernier, 53,7 % des suffrages contre 45,7 % pour le chef de file de l’opposition, Wavel Ramkalawan. Ce dernier a aussitôt reconnu la victoire de son adversaire qui ne constitue pas, à vrai dire, une réelle surprise dans un pays administré depuis vingt-neuf ans par les cadres du SPPF.
Figure historique de cet ancien parti unique, Michel a bénéficié d’un soutien massif des militants et profité de l’avantage d’être président sortant pour construire son succès. Le parcours à obstacles du petit garçon d’Anse-Boileau a séduit les couches populaires.
Né le 16 août 1944 sur l’île de Mahé, Michel a perdu son père très jeune. Il est élevé dans des conditions modestes par sa mère et sa tante parmi ses huit frères et surs. D’abord instituteur, il enseigne à l’école primaire d’Anse-Boileau en 1961 et 1962, avant d’intégrer la Cable and Wireless Telecommunications Company. Révolté par les disparités salariales, il s’engage dans le syndicalisme et fait la connaissance de France Albert René, alors leader du Seychelles People’s United Party (SPUP), actuel SPPF. Militant très actif, il est élu en 1974 membre du comité central du SPUP en charge de l’organisation du parti et de l’édition de l’organe du mouvement, The People. Lorsque René renverse le président Mancham en 1977, soit un an après l’indépendance, il devient ministre de la Fonction publique et de l’Information. Il ne quittera plus le gouvernement, passant à la tête de différents portefeuilles (Éducation, Finances, Défense). Adepte d’un socialisme autoritaire, il a construit aux côtés de René une économie d’État gérée par les cadres du SPPF. Ce dernier fait de lui son dauphin en le nommant vice-président en 1996 avant de lui céder son fauteuil de président au moment de sa démission en avril 2004.
Michel tente depuis de faire entrer progressivement son pays dans l’économie de marché. Après des années de centralisme, l’aggiornamento est délicat. La corruption et la bureaucratie sont présentes à tous les échelons dans l’administration. Les sociétés publiques sont gérées par des apparatchiks qui perpétuent encore clientélisme et passe-droits. Les enseignants manquent de matériel, les hôpitaux et les dispensaires de médicaments, la fonction publique d’équipements et de fournitures de base
Le miracle seychellois s’est grandement construit grâce aux crédits de la communauté internationale. Aujourd’hui, le tourisme (quelque 120 000 visiteurs par an) et la pêche ne suffisent plus à réduire une dette publique colossale qui s’élève à plus de 940 millions de dollars, soit 130 % du produit intérieur brut (PIB). La pénurie de devises étrangères est plus criante que jamais.
La mandature de Michel s’annonce périlleuse. Le président devra préserver les acquis de l’État-providence – un salaire mensuel minimum autour de 1 700 roupies (247 euros), des allocations chômage et la gratuité du système éducatif et social – tout en s’attaquant à la corruption et en réussissant le virage libéral.

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