L’Asie favorite pour succéder à l’Afrique
Le prochain secrétaire général sera peut-être asiatique. Mais, dans cette élection aux contours flous, l’Europe de l’Est pourrait encore créer la surprise.
Publié le 7 août 2006 Lecture : 3 minutes.
Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) a procédé fin juillet à un vote informel sur les quatre candidats officiels au poste de secrétaire général. Les quinze membres du Conseil devaient donner leur avis en cochant l’une des trois options pour chacun des candidats : « encourager » la candidature, la « décourager » ou « sans opinion » sur elle.
La majorité des candidats vient d’Asie, qui n’a à ce jour fourni qu’un secrétaire général à l’ONU, le Birman U Thant… Selon la plupart des observateurs, le principe de la rotation géographique devrait cette fois lui bénéficier. Sauf que cette règle n’a jamais été écrite – tout au plus formulée en 1965 pour la plupart des postes, sans que celui de secrétaire général ne soit formellement cité. Pas plus que la durée de son mandat n’est officiellement fixée à cinq ans.
Selon l’Associated Press, le ministre des Affaires étrangères sud-coréen Ban Ki-moon a pour l’instant les faveurs du Conseil de sécurité. C’est lui qui a en effet obtenu le meilleur résultat lors du récent vote, avec douze encouragements, un vote négatif et deux sans opinion. Un des thèmes de sa campagne : tout Coréen possède une précieuse expérience « des problèmes complexes auxquels les Nations unies font face », pour les avoir vécus chez lui. Mais pour aucun candidat issu de l’une des deux Corées, il ne sera pas facile de faire l’unanimité. Jusqu’au sein du Conseil de sécurité, les alliés de l’une sont les ennemis de l’autre, et vice versa.
Déjà secrétaire adjoint de l’ONU à l’information et à la communication, l’Indien Shashi Tharoor a recueilli dix encouragements, deux bulletins contre et trois sans opinion. Mais l’Inde demande par ailleurs à devenir le sixième membre permanent du Conseil de sécurité Deux faveurs consécutives accordées au même pays ?
Candidat de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est, le vice-Premier ministre thaïlandais Surakiart Sathirathai a recueilli sept bulletins favorables, trois négatifs et cinq sans opinion. On lui reproche de s’être présenté trop tôt… Reste le Sri Lankais Jayantha Dhanapala : cinq votes positifs, six contre et quatre sans opinion.
Kofi Annan partira le 31 décembre. L’élection de son successeur devrait avoir lieu en septembre-octobre, pour permettre à ce dernier de « bénéficier d’une période de transition ». L’expression est de John Bolton, représentant permanent des États-Unis à l’ONU, qui a par ailleurs indiqué que le candidat « devrait avoir les compétences nécessaires sur le plan politique » et posséder de solides références en matière de gestion.
Du côté des textes, l’article 97 de la Charte énonce que « le secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité ». Chaque candidat doit recevoir l’assentiment d’au moins neuf des quinze membres et ne pas faire l’objet d’un veto de l’un des membres permanents (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie).
Toujours côté asiatique, d’autres candidatures sont attendues, dont celles de l’ancien Premier ministre de Singapour, Goh Chok Tong, et d’Ashraf Ghani, l’ancien ministre des Finances afghan. Mais une surprise en provenance d’Europe de l’Est n’est pas à exclure. Les États-Unis sont prêts à soutenir la possible candidature de l’ancien président polonais Aleksander Kwasniewski ou celle de l’actuelle chef d’État lettone, Vaira Vike-Freiberga. À Londres, le 13 juillet, elle a dit qu’elle accepterait le poste si on le lui proposait. Une démarche encouragée par Tony Blair, qui ne tarit pas d’éloges sur cette intellectuelle francophone qui a permis à son pays d’entrer dans l’Union européenne de façon exemplaire en janvier 2004. Pour beaucoup, sauf pour la Russie (la manière dont la minorité russe est traitée en Lettonie ne lui plaît guère), elle ferait une candidate idéale. Elle est aussi la seule femme sur les rangs
