Cercle vertueux ?

L’embellie économique donne un coup de pouce salutaire à de nombreux secteurs, même si quelques grands groupes restent à privatiser.

Publié le 7 août 2006 Lecture : 3 minutes.

Cela fait maintenant dix ans que le Gabon a entrepris, sous les encouragements répétés et insistants du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, de privatiser une partie de son patrimoine. Depuis son lancement, le programme a concerné une trentaine de sociétés, sans compter les entreprises dans le capital desquelles l’État détenait des participations minoritaires. Des entités majeures ont été cédées au secteur privé. Symbolique à bien des égards, le sort d’Air Gabon est désormais réglé. Minée par son endettement, des effectifs excessifs et une flotte vieillissante, la compagnie nationale a cessé d’exister le 25 février dernier. Air Gabon International (AGI), détenue à 51 % par Royal Air Maroc (RAM), doit prendre sa succession. Toutefois, quelques enseignes attendent encore de connaître leur repreneur. C’est notamment le cas de Gabon Télécom. En octobre 2004, le gouvernement a choisi la mise en vente de 50 % du capital de l’opérateur historique, assortie d’une délégation de service public de quinze ans, dont une période d’exclusivité de cinq ans pour l’exploitation du réseau fixe. La compagnie, qui présente des résultats bénéficiaires, détient également 100 % du capital de Libertis, opérateur de téléphonie mobile. Lancée en décembre 2005, la procédure devrait aboutir dans les tout prochains mois.
D’autres sociétés publiques sont encore dans l’attente d’une décision des autorités quant à leur futur statut. C’est notamment le cas de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG), qui a perdu en janvier 2006 le monopole de commercialisation de l’okoumé et de l’ozigo. Enfin, l’État doit également céder un certain nombre de participations qu’il détient dans plusieurs entreprises, comme la Société meunière et avicole du Gabon (SMAG), la Société gabonaise d’entreposage de produits pétroliers (SGEPP) et la Société nationale d’acconage et de transit (SNAT). Mais le plus important a été cédé.
Le bilan n’est d’ailleurs guère favorable aux finances publiques. En 2004, les privatisations avaient rapporté 32,2 milliards de F CFA (50 millions d’euros) à l’État en 2004, mais le coût des restructurations a atteint 23,9 milliards de F CFA. En revanche, certaines opérations ont permis d’assainir sensiblement la gestion de certaines compagnies ou de les relancer sur des bases solides. Ainsi, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), aujourd’hui détenue à 51 % par le groupe Veolia, est présentée comme un exemple de réussite, tant par le concessionnaire (pour une durée de vingt ans) que par l’État. En l’espace de huit ans, le nombre de ses abonnés a augmenté de 54 % pour l’électricité et de 68 % pour l’eau. L’évolution des tarifs est restée inférieure à l’inflation et un programme d’investissement de 200 milliards de F CFA est en cours d’exécution.
Dans le domaine agro-industriel, quelques opérations ont également permis de dynamiser le secteur. La Société sucrière du Haut-Ogooué (Sosuho, rebaptisée Sucaf) ainsi que la plantation de cannes qui en dépend ont été reprises en décembre 1998 par le groupe Castel-BGI, propriétaire de la Société des brasseries du Gabon (Sobraga). Les actifs des entreprises Hévégab et Agrogabon ont également trouvé preneur en 2004. Dans le domaine forestier, la Compagnie forestière du Gabon (CFG), premier producteur de contreplaqué du pays (avec une usine d’une capacité de 75 000 m3 à Port-Gentil), a été cédée en novembre 2002 au groupe italien Cora (à hauteur de 70 % du capital). Cora Wood Gabon a procédé à d’importants investissements dans le domaine de la transformation pour créer localement plus de valeur ajoutée.
Toujours dans le secteur industriel, en 2000, les Ciments du Gabon ont été attribués au norvégien Scancem. Rebaptisée CimGabon, la nouvelle entité a investi dans la modernisation de l’outil de production, portant sa capacité de 210 000 tonnes à 260 000 tonnes en l’espace de quatre ans. Dans le domaine des services, l’Office du chemin de fer transgabonais (Octra) qui relie la gare d’Owendo (à proximité de Libreville) à Franceville, a été concédé en 1999 au consortium Transgabonais pour une durée de vingt ans. En mai 2003, ce groupement a été remplacé par la Setrag, filiale de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), principal usager de la ligne pour l’évacuation du manganèse extrait à Moanda. Enfin, l’Office des ports et rades du Gabon (Oprag) a fait l’objet d’un appel d’offres international remporté par l’espagnol Progosa Investment y Puertos (PIP). La nouvelle société, la Sigeprag, doit bénéficier d’un plan d’investissement de plus de 53 milliards de F CFA de la part du concessionnaire. Il s’agit maintenant d’achever le processus. Les experts du FMI en font une condition essentielle pour un nouvel accord pluriannuel. De ce point de vue, la cession de Gabon Télécom sera déterminante.

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