Côte d’Ivoire – Didi B : « Je veux montrer à la diaspora que je peux être un pilier de la musique »

Après plus de dix ans à la tête de Kiff No Beat, groupe pionnier du rap ivoire, l’artiste s’envole pour une carrière solo. Il rejoint 92i Africa, le label fondé par Booba, et espère s’imposer sur le marché du rap français.

L’artiste ivoirien Bassa Zéréhoué Diyilem, plus connu sous le nom de Didi B. © Cdreek lephotographe/DrinkIt/Facebook

L’artiste ivoirien Bassa Zéréhoué Diyilem, plus connu sous le nom de Didi B. © Cdreek lephotographe/DrinkIt/Facebook

eva sauphie

Publié le 17 novembre 2021 Lecture : 4 minutes.

« Tu veux voir les Ferrari haa/ Tu veux voir ce qu’on a hé », chante Bassa Zéréhoué Diyilem, plus connu sous le nom de Didi B, dans le titre Big Boss. Ce morceau, publié en juin 2021, s’accompagne d’un clip tout aussi crâneur, à coup de grosse cylindrée rouge vif et de fourrure. Une vidéo qui annonce d’emblée le tour bling-bling que prend la carrière du rappeur. Objectif : faire de l’argent et montrer qu’il pèse dans le game.

« Je ne trouve pas ça utile de chanter les souffrances de l’Afrique, nos prédécesseurs l’ont fait. Aujourd’hui ça ressemblerait à une arnaque, grince le gamin d’Abidjan de passage à Paris, sans quitter son portable des yeux. Est-ce que les Chinois ont pleuré sur leur sort en musique avant de devenir une première puissance mondiale ?, ironise-t-il. Je veux raconter mon parcours, montrer qu’un jeune peut réussir et influencer ses petits frères. »

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Âge d’or du « coupé-décalé »

À moins de 30 ans, Didi B a déjà une belle carrière derrière lui. C’est avec Kiff No Beat, groupe pionnier du rap ivoire et premiers artistes à signer sous le label Universal Music Africa, qu’il s’est fait un nom au pays à la fin des années 2000, en plein âge d’or du mouvement initié par Douk Saga.

« On a été malins et techniques, on a su rapper sur du « coupé-décalé » pour imposer notre style, on s’est offert un featuring avec Arafat pour lancer notre carrière. Et on a aussi été endurants et pros », rembobine le fondateur du combo à cinq têtes, beaucoup moins actif depuis que les membres ont décidé de s’envoler chacun de leur côté.

Ce fils d’un père producteur et pianiste et d’une mère chorégraphe est né dans le mythique Village Ki-Yi, centre de formation artistique et lieu de vie communautaire d’Abidjan. « J’ai grandi entouré d’artistes. Je défends ces valeurs créatives, scéniques et le travail sur la musicalité », revendique celui qui pousse même la chansonnette sur le premier extrait de son album Mojo Trône, à paraître d’ici la fin de l’année. Un potentiel que le poids lourd du rap français Booba a flairé, en invitant Didi B à rejoindre son écurie 92i Africa.

Booba m’a beaucoup conseillé

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« Booba respecte mon statut en Côte d’Ivoire, mes performances. Je corresponds à l’image de son label car je suis capable de venir avec mon flow hardcore comme de chanter, ce n’est pas facile pour un rappeur de se prêter à cet exercice. Je mêle anglais, français, afrobeat et hip-hop », détaille le fondateur de Coast 2 Coast, label sous lequel devait voir le jour ce premier coup d’essai en solo.

L’album était en effet finalisé au moment où Didi B a été contacté par les équipes de 92i Africa en mars 2021, puis par Booba en personne. Une négociation de contrat et une vingtaine de titres additionnels plus tard, le projet se finalise enfin. Une collaboration qui a fatalement eu un impact sur la direction artistique de l’opus. « J’ai dû travailler avec les partenaires de Booba, qui a toujours un œil sur les productions. Il m’a beaucoup conseillé, on a échangé un bon paquet d’instrumentaux via WhatsApp pour bosser les morceaux, il ne manque plus qu’à retirer quelques titres de l’album maintenant », précise-t-il avant de buter sur les noms de ceux qui ont participé au projet.

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Un duo avec Fally Ipupa ?

Parmi eux pourtant, on retrouve la fine fleur de la scène rap hexagonale, comme le compositeur et réalisateur Dany Synthé – réalisateur artistique du premier album de MHD – , Junior Alaprod, véritable faiseur de tubes à qui l’on doit les productions de Damso ou bien Koba LaD, « l’un des meilleurs beatmakers français », concède le rappeur avant d’avouer à demi-mot un possible featuring avec Fally Ipupa, qu’il rejoindra aussitôt l’interview terminée.

L’objectif est tout tracé pour Didi B. Cette signature lui permettra de mettre un pied sur le marché du rap français, même s’il compte déjà un passage sur la prestigieuse scène de l’Olympia de Paris avec son groupe. Et de s’installer en solo en Afrique francophone.

Je veux réinstaller la notion de spectacle de rap en France

« Sans les Kiff, j’ai encore tout à prouver, admet-t-il. Je veux montrer à la communauté et à la diaspora que je peux être un pilier de la musique ». Pour ce faire, l’aspirant « Big boss » compte bien redessiner les contours d’une scène aujourd’hui principalement limitée à l’usage du vocodeur et d’un unique DJ sur les planches. « Pas question pour moi de chanter en play-back comme le font aujourd’hui de nombreux rappeurs. C’est en live et avec un orchestre que je me produirai, se félicite-t-il. Je veux réinstaller la notion de spectacle de rap en France. »

Pour l’heure, c’est à l’Ivoire Golf Club d’Abidjan que Didi B jouera, accompagné de ses musiciens, les 27 et 28 novembre, avant une tournée en Afrique francophone (Tchad, Mali, Niger…) début 2022.

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