Robert Dossou
Représentant spécial du président de la Commission de l’Union africaine pour le procès Hissein Habré
En octobre dernier, quand Alpha Oumar Konaré a cherché un bon juriste pour représenter la Commission de l’Union africaine auprès du Sénégal sur le dossier Hissein Habré, il n’a pas hésité longtemps. L’avocat béninois Robert Dossou, 69 ans, s’est bâti une solide réputation dans les prétoires francophones, à Cotonou et à Lomé comme à Paris.
Ministre de Mathieu Kérékou sous la période « révolutionnaire », puis de Nicéphore Soglo, Robert Dossou, aujourd’hui président de la Cour constitutionnelle du Bénin, n’a jamais été un acteur politique de premier plan. Mais l’avocat sans frontières possède un beau tableau de chasse. Parmi ses plus belles « prises » figure le mercenaire français Bob Denard.
Depuis sa nomination par l’UA, Robert Dossou s’est rendu trois fois à Dakar. Aujourd’hui, l’avocat béninois continue de croire qu’un procès Hissein Habré aura lieu à Dakar. Mais quand ? Cela, c’est une autre histoireÂÂ
Jeune Afrique : Deux ans après que le dossier Hissein Habré a été confié au Sénégal, aucun procès n’est en vue. N’est-ce pas un signe de mauvaise volonté de la part du Sénégal ?
Robert Dossou : Absolument pas. Souvenez-vousÂÂ En juillet 2006 à Banjul, quand l’Union africaine a chargé le Sénégal de juger Hissein Habré, séance tenante, dans la salle même du Sommet, le président Wade a déclaré qu’il acceptait la mission que lui confiait l’UA. Depuis, le Sénégal a entrepris de réformer ses lois et sa Constitution afin que l’ex-président puisse être jugé. Le gouvernement cherche aussi un site approprié pour le procès. Enfin, il essaie de réunir la somme nécessaire avec le soutien de la communauté internationale. Si aucun juge d’instruction n’a encore été saisi du dossier, c’est parce que le corpus législatif et constitutionnel devant servir de base aux poursuites n’est pas finalisé. Il reste un dernier amendement constitutionnel à adopter. Je crois que c’est en bonne voie.
Le nouveau ministre de la Justice, Madické Niang, est un ancien avocat de Hissein Habré. Ne va-t-il pas bloquer la procédure ?
Non, je n’ai pas d’inquiétude là-dessus. Lorsqu’un avocat prend des fonctions d’État, il oublie qu’il a été avocat. En mai dernier à Dakar, j’ai eu un entretien encourageant avec maître Niang. Il m’a reçu très longuement, et j’ai vu quelqu’un qui a pris sa charge à bras-le-corps et qui est motivé.
Beaucoup de chefs d’État africains répugnent à voir juger l’un des leurs. N’ont-ils pas confié ce dossier au Sénégal dans l’espoir que la procédure s’enlise ?
Je crois qu’il ne faut pas généraliser. Que des chefs d’État soient inquiets, c’est normal. Personne ne veut se faire hara-kiri ! C’est pourquoi nous nous efforçons depuis 1990 d’obtenir un statut pour les anciens dirigeants. Nous voulons montrer qu’on peut quitter le pouvoir sans se retrouver en prison ou en exil ! Aujourd’hui, d’anciens chefs d’État comme Alpha Oumar Konaré et Abdou Diouf prennent la présidence d’organisations internationales. C’est vers cela que tend l’Afrique d’aujourd’hui. Nous sommes dans une période de transition, où le nouveau le dispute à l’ancien. Vous savez, c’est déjà un progrès extraordinaire de voir les chefs d’État africains proclamer que l’impunité est terminée.
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