Pourquoi le Rafale peut encore s’exporter

Publié le 7 juillet 2008 Lecture : 3 minutes.

Il m’est arrivé de dire du mal du Rafale, en pensant surtout aux contribuables français obligés de payer seuls les coûts considérables engendrés par le développement et l’industrialisation de cet avion. Si la France s’était associée à ses partenaires européens pour ne construire qu’un seul biréacteur polyvalent, si l’Eurofighter et le Rafale n’étaient pas concurrents, alors il est clair que les finances des armées françaises seraient dans un bien meilleur état et que le président Sarkozy n’aurait pas à faire des choix militaires aussi tranchés.
Mais maintenant l’avion est construit. Dans ses dernières versions, il bénéficie, pour l’essentiel, d’équipements de haute qualité. Est-il vendable ? À quel type de pays est-il adapté ? Pour répondre à ces questions, il importe de bien prendre conscience des principales caractéristiques de l’appareil.

Le Rafale est un appareil polyvalent, construit aussi bien pour assurer la défense aérienne d’un territoire que pour attaquer au sol une armée adverse. Ses deux réacteurs très puissants représentent d’importants atouts pour intercepter des avions ennemis. Par exemple, il est capable de se mettre à la verticale et d’accélérer en montant. Cette option est particulièrement intéressante quand l’on veut identifier, à coup sûr, un appareil intrus. Elle l’est d’autant plus que le pays à défendre est petit, même si l’intérêt que présente aujourd’hui la vitesse ascensionnelle a tendance à décliner, lorsque l’on est certain du caractère hostile d’un avion « pénétrant » et que l’on cherche à l’abattre immédiatement. Les performances des missiles modernes sont telles, en effet, que l’on peut déclencher le tir à plusieurs dizaines de kilomètres de la cible, sans avoir à atteindre l’altitude de l’avion ennemi.
La motorisation impressionnante du Rafale ne présente pourtant pas que des avantages. Ainsi, elle pèse sur son rayon d’action, qualité pourtant cruciale de l’autre mission assignée à l’avion : l’attaque au sol. Quand on ne cherche pas à monter très vite, quand on veut simplement aller loin, il ne sert à rien d’avoir deux gros réacteurs utilisés au tiers de leur puissance maximale : un seul suffit, et le poids du deuxième réacteur peut être utilisé pour emporter plus de carburant. Sur de grandes distances, le Rafale ne peut donc être utilisé qu’à la condition de pouvoir effectuer de nombreux ravitaillements en volÂÂ qui ne peuvent eux-mêmes se concevoir que si l’on est certain de disposer d’une supériorité aérienne absolue sur l’ensemble du trajet. Voilà pourquoi on peut penser que les Européens auraient mieux fait de construire deux avions distincts : un biréacteur pour la défense aérienne d’une part, un monoréacteur pour l’attaque au sol sur de longues distances de l’autre.

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Pour un État peu étendu qui cherche surtout à protéger son espace aérien et à détruire d’éventuels envahisseurs terrestres, le Rafale demeure, en revanche, un appareil particulièrement adapté. Sa réelle polyvalence simplifie grandement les problèmes d’équipements et de maintenance, sans que cela nuise à son efficacité. À vrai dire, le Rafale est même plus polyvalent que l’Eurofighter Typhoon, auquel cette qualité n’a été ajoutée qu’à la demande de ses utilisateurs. Au départ, ce dernier n’était en effet qu’un avion exclusivement dédié à la défense aérienne, comme le souhaitaient les Britanniques.
Reste la question du coût. Le Rafale est-il trop cher ? Pour les Français, la réponse est claire : malheureusement oui. Trente-deux milliards d’euros pour guère plus de 200 avions : la facture est décidément très lourde. Mais, à l’exportation, le prix de vente s’effondre si l’on ne fait payer à l’acheteur que le coût « marginal » de la commande, à savoir le coût de fabrication des exemplaires supplémentaires.
Des performances adaptées et un coût raisonnable : telle est sans doute la raison pour laquelle le Rafale semble davantage intéresser des pays au territoire relativement limité, comme les Émirats arabes unis ou la Suisse.

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