Maigre rentrée africaine
Les « francophones » brilleront par leur discrétion cet automne. Panne d’inspiration ? Pas nécessairement. Une autre avalanche de nouveautés est attendue début 2009.
Quelque 680 nouveaux romans – dont près de 550 classés comme « français » – sont annoncés pour la rentrée littéraire en France, soit une baisse de 7 % par rapport à 2007. Si les éditeurs publient moins, ils misent sur des auteurs à fort potentiel de vente. Le magazine Livres hebdo a recensé les plus gros tirages de la rentrée, soit une quinzaine de titres à plus de 50 000 exemplaires. L’inévitable Amélie Nothomb (Le Fait du prince, chez Albin Michel) vient en tête avec 200 000 exemplaires.
La bonne surprise vient de ce que deux écrivains nés sur le continent africain figurent dans ce Top 15. L’Algérien Yasmina Khadra, avec Ce que le jour doit à la nuit (Julliard), une saga qui se situe pour une bonne part à l’époque de la colonisation et de la lutte de libération. Et la Sénégalaise Fatou Diome, dont le quatrième livre, Inassouvies, nos vies (Flammarion), raconte l’amitié entre une jeune femme solitaire et une vieille dame expédiée dans une maison de retraite.
Faïza Guène, née en France de parents maghrébins, déjà auteur de deux best-sellers (Kiffe Kiffe demain et Du rêve pour les oufs), figure aussi sur la liste des heureux élus. Avec 70 000 exemplaires, Les Gens du Balto (Hachette Littératures), mélange de polar et de chronique sociale de la banlieue parisienne, se classe même en sixième position dans le classement des plus gros tirages.
Dans l’ensemble, toutefois, les romanciers « francophones » brilleront par leur discrétion cet automne. Il faudrait, certes, mentionner les premiers romans. Mais, parmi les auteurs confirmés, on retrouvera essentiellement, outre les deux précités, le Togolais Kossi Efoui (Solo d’un revenant, Le Seuil) et l’Algérien Salim Bachi (Le Silence de Mahomet, Gallimard). La collection « Continents noirs » des mêmes éditions Gallimard ne sortira qu’un titre, Mbëkë mi. À l’assaut des vagues de l’Atlantique, du Sénégalais Abasse Ndione. Tout comme L’Olivier, qui annonce un nouveau texte du Mauricien Barlen Pyamootoo, Salogi’s, et Le Serpent à plumes, qui donnera à lire El Hadj de l’écrivain et cinéaste sénégalais Mamadou Mahmoud N’Dongo.
Talents nigérians
Est-ce à dire que les écrivains d’origine africaine sont en panne d’inspiration ? Certainement pas. Les éditeurs ont pris l’habitude d’espacer leurs parutions, et l’on peut prévoir une deuxième avalanche de nouveautés en janvier 2009.
Le Marocain Tahar Ben Jelloun fait désormais paraître ses livres en tout début d’année. Des auteurs subsahariens réputés tels que le Guinéen Tierno Monénembo (Le Roi de Kahel, Le Seuil) ou le Tchadien Nimrod (Le Bal des princes, Actes Sud) ont été publiés au cours du premier semestre de 2008. On pourrait se consoler si la place des Africains dans la rentrée étrangère 2008 était plus significative. C’est en partie le cas grâce au talent des Nigérians établis au Royaume-Uni et aux États-Unis (voir J.A. n° 2454).
Sont récemment sortis en français Graceland (Albin Michel), de Chris Abani, et La Mesure du temps (Actes Sud), de Helon Habila. Suivront en septembre Bêtes sans patrie (L’Olivier), d’Uzodinma Iweala, encensé par la critique américaine, et L’Autre moitié du soleil (Gallimard), de Chimamanda Ngozi Adichie, jeune prodige des lettres anglo-africaines. L’Égypte se distingue également. Sonallah Ibrahim, qui fait un peu figure de patriarche de la littérature cairote, revient chez Actes Sud avec Le Petit Voyeur, tandis que Les Poussières de l’effacement, de Gamal Ghitany, est édité au Seuil.
Du côté de l’Afrique australe, enfin, deux auteurs majeurs sont traduits en français : le Mozambicain (blanc) Mia Couto (Un fleuve appelé Temps, une maison appelée Terre, Albin Michel) et le Sud-Africain (blanc lui aussi) J. M. Coetzee (Journal d’une année noire, Le Seuil).
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