Hassan Kebbani : « Orascom est intéressé par une licence 3G »

Pour le directeur général d’Orascom Télécom Algérie, l’avenir passe par la mise en place de services bancaires, d’accès à Internet, de paiements via les mobiles Ce dernier sera disponible dès 2009 dans le pays.

Publié le 7 juillet 2008 Lecture : 5 minutes.

Jeune Afrique : Après six ans d’activité, êtes-vous toujours le premier contributeur au chiffre d’affaires de votre groupe ? Comment l’expliquez-vous ?
Hassan Kebbani : Le groupe est très satisfait de la performance de notre filiale en Algérie ! Il a d’ailleurs mobilisé tous les financements nécessaires à notre stratégie. Même si nous avons été critiqués pour le prix que nous avons payé pour la licence, le marché a prouvé qu’il était porteur pour les activités de téléphonie. Il faut également citer tous les éléments mis en place par le gouvernement en faveur des investisseurs et qui ont permis à Orascom de déployer rapidement son réseau et de répondre aux besoins des Algériens. Lorsque nous sommes arrivés, il y avait 200 000 lignes pour 30 millions d’habitants. Nous savions qu’il fallait faire vite et nous l’avons fait, dans un pays où les challenges sont nombreux : une très grande superficie, des topologies très différentes entre montagne, désert et côte, des villes surpeuplées et des zones presque vides.

Au premier trimestre de cette année, votre chiffre d’affaires a encore progressé de 21 % par rapport à la même période de l’année 2007 et le nombre de vos clients s’est accru de 22 %. Mais votre revenu mensuel par client a diminué, à 12 dollars. Est-ce le premier signe de saturation du marché ?
Si vous parlez de saturation de la demande, je pense qu’il y a encore une marge de progression de la base d’abonnés. Et c’est une règle économique dans notre métier : plus la base de clientèle s’élargit, plus le revenu moyen par abonné diminue. Mais je peux dire que, relativement parlant, le revenu par abonné en Algérie reste plus élevé que dans les pays voisins.

la suite après cette publicité

Vous mettez en avant vos innovations techniques et commerciales. Que représentent-elles en termes humains et financiers ?
Dans ce pays où il y a beaucoup de choses à faire dans tous les secteurs, nous avons fait en sorte de mettre à la disposition des utilisateurs la technologie qui existe à travers le monde et de développer une relation privilégiée avec les consommateurs. Nous employons 3 500 personnes, de jeunes Algériens, cadres ou techniciens. Et nous avons une équipe dédiée à l’innovation, une sorte de cellule technico-commerciale qui travaille sur la recherche et le développement. Elle prend ses collaborateurs un peu partout dans les services, selon les projets.

De toutes les innovations que vous avez lancées sur le marché depuis quelques années, laquelle a été selon vous la plus marquante commercialement ?
Il y en a plusieurs. Pour le monde des affaires, nous avons été les premiers à offrir le Blackberry. Dernièrement, nous avons adopté la nouvelle technologie qui permet aux opérateurs de rendre la communication par téléphone mobile possible dans certains avions. Nous offrons ainsi à nos clients la possibilité de communiquer par SMS sur les vols Air France. Pour le futur, il existe même des projets de roaming sur les vols, avec un opérateur dédié à la communication en vol Le transfert de crédit temps et le partage de crédit prépayé ont marqué le grand public. Avec cette offre, un père de famille peut par exemple envoyer des minutes de communication à des membres de sa famille. Ce service s’appelle Flexi, et le terme est entré dans le langage courant. Il y a aussi la recharge électronique et flexible qui permet de recharger n’importe quel montant. Nous avons aussi créé un service de SMS vocal pour les personnes ayant du mal à écrire ou à lire, ou encore le SMS « tchating » qui donne aux jeunes la possibilité de communiquer en direct par SMS sur un forum mobile.

Dans quelles directions travaillez-vous actuellement ?
Le secteur des télécoms en Algérie a su prendre une place de niveau mondial, mais il y a des services qui manquent encore. Nous voulons commencer là où les autres, ailleurs dans le monde, se sont arrêtés en terme d’innovations. Ainsi, nous n’avons pas besoin de passer par le fixe pour introduire l’Internet. Vous pouvez faire directement l’Internet mobile, qui est un chantier important. Les normes 2G peuvent offrir cela mais la 3G est préférable. À ce titre, nous sommes intéressés par une licence 3G en Algérie. Outre l’Internet, l’autre grand domaine d’innovation pour nous tournera autour des services bancaires et de paiement.

Si l’Afrique est active dans le développement des services sur le mobile, l’Algérie semble marquer le pas. Pour quelles raisons ?
C’est lié à l’essor limité d’autres activités dans le pays. Nous ne pouvons en effet développer ce type d’offres qu’en étant accompagné par des partenaires. S’il y a un retard bancaire en Algérie, il y aura du retard pour développer ce service. Avec 14 millions d’abonnés, nous avons beaucoup d’informations sur les déplacements des Algériens, leurs dépenses, leurs besoins en tant que consommateurs. La meilleure chose pour une banque qui veut développer des services est de venir vers nous. Dans tous les pays où il est présent, le groupe Orascom avance sur le paiement mobile car nous jugeons qu’il est fondamental d’apporter ce service. Je pense qu’il sera possible d’introduire le paiement mobile en Algérie dès 2009. Si vous prenez les exemples de l’Inde ou des Philippines, vous vous rendez compte que le paiement mobile fonctionne et permet même de ramener vers le circuit officiel certains transferts d’argent. Cela intéresse d’autant plus les gouvernements.

la suite après cette publicité

Vous investissez massivement dans la publicité (voir ci-contre). Le faire-savoir est-il plus important que le savoir-faire ?
Les deux sont importants et un seul ne suffit pas. Nous sommes vus comme les plus gros communicants du pays, mais les opérateurs doivent parler à des millions de personnes. Nous devons être présents dans un match de foot, le café où va l’Algérien, le journal qu’il lit. Nous allons également utiliser de nouveaux canaux de communication. Aujourd’hui, dans le pays, le meilleur support média n’est pas la télévision mais notre réseau, car en vingt-quatre heures nous pouvons envoyer un message à 14 millions de personnes, sans compter leur entourage !

Vingt scientifiques, essentiellement des cancérologues, ont lancé en France un appel public à la modération concernant l’utilisation des téléphones portables. Le principe de prudence ne doit-il pas s’appliquer dans ce domaine ?
Nous sommes pour ce genre d’initiative mais, parfois, certains se trompent en interprétant les choses. Il faut être prudent dans tous les domaines : l’Internet, la télévision, le micro-ondes. En matière de téléphonie mobile, pensez-vous vraiment qu’autant de pays auraient développé des réseaux s’il y avait un risque pour la santé ? En Algérie, s’il y a peut-être moins d’efforts sur ce sujet de la part du gouvernement, nous travaillons avec des équipementiers internationaux comme Alcatel-Lucent ou Siemens, qui veillent à la sécurité et à la santé des utilisateurs.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires