Fitna au nom du Christ

Publié le 7 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Il y a deux mois, l’affaire de l’annulation d’un mariage en France pour cause de « mensonge sur la virginité » en a éclipsé une autre, qui vaut son poids de ridicule. Il y est question de remparts et de défloration, bien que symboliques, cette fois. En voici le résumé : quatre femmes moldaves, immigrées clandestines de leur état – l’histoire ne dit pas si elles sont pucelles ou non -, débarquent sur une île, ni vu ni connu, du moins le croient-elles. Impossible de lire les écriteaux, ils sont en langue étrangère, elles ignorent où elles sont, mais n’ont crainte : la Moldavie est derrière elles, l’eldorado devant.
Les voilà qui grimpent, transpirent, coeur battant et jupes retroussées, mais peu importe, elles croient être sur la bonne terre. Que n’ont-elles fait ! L’endroit où elles viennent de mettre le pied est réservé aux  hommes. Depuis mille ans, le sexe faible y est banni ; ne cherchez pas, il n’y a que des mecs, des moines plus précisément. Une sorte de harem au masculin ? Même pas  C’est quoi l’équivalent d’eunuque chez les femmes ?
La consigne est claire : « Lieu interdit à toute femelle de quelque espèce que ce soit », qu’elle ait conservé ou non son hymen, on n’ira pas vérifier, ce serait un faux passeport. Aucun animal femelle n’est admis non plus, sauf les poules, les vraies, il faut bien se nourrir – pas bêtes les prêtres ! – et repeindre de jaune d’oeuf les icônes – artistes, les moines !
Nous sommes en 2008, au coeur de l’Europe, en Grèce, sur l’île du mont Athos, là où l’on tient mordicus à la virginité corporelle et spirituelle des hommes et où l’on considère que toute présence féminine est une fitna, discorde en arabo-musulman. Ça vous rappelle quelque chose ? Et rares sont ceux qui ont protesté. La Grèce de Socrate et de Platon qui a inscrit cette aberration dans ses lois continue à punir d’un an de prison toute rebelle qui s’aventure sur l’île, qu’elle soit pute ou soumise.
Pourquoi ce sexisme ? Ces messieurs entendent protéger leur sanctuaire de toute pénétration qui mettrait en péril sa qualité de « foyer spirituel de l’orthodoxie ». Dehors les bâtardes ! Il ne s’agit pas, ici, de la virginité sur laquelle spéculent les humains, fragile, discutable et, somme toute, dérisoire. Il s’agit de l’immuable et du sacré, du fait religieux dans ce qu’il a de plus insidieux. Celui qui bannit au nom de Dieu, qui fait véritablement des femmes des êtres de mépris et de souillure. Et dont il faut violer la virginité !
Maintenant, expliquez-moi pourquoi l’affaire du mariage annulé en France a indigné la moitié de la planète alors que la seconde est passée inaperçue ? Par quelle opération du Saint-Esprit, ou du mollah barbu, ce qui est traité de scandale ici est qualifié simplement d’insolite ailleurs ? Vous avez tout l’été pour trouver la réponse. Après, nous plancherons sur une stratégie pour libérer les femmes. Mais pour de bon, cette fois !

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