Fin de l’exception anjouanaise ?

Le successeur de Mohamed Bacar a fait campagne sur le thème du retour à la normalité. Reste à savoir si son entente avec le président de l’Union résistera à l’épreuve des faits.

Publié le 7 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Anjouan s’est dotée d’un nouveau président, en la personne de Moussa Toybou. Avec 52,3 % des voix, le candidat soutenu par le président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi, est sorti vainqueur du duel qui l’opposait le 29 juin à l’armateur Mohamed Djaanfari. Rendu possible après le renversement de Mohamed Bacar, chassé du pouvoir par une intervention conjointe de l’Union africaine et de l’armée comorienne, le 25 mars, le scrutin n’a pas passionné les foules. Moins d’un électeur sur deux s’est déplacé.
Moussa Toybou, qui était arrivé en deuxième position derrière Djaanfari (40,12 % des voix, contre 44 %) à l’issue du premier tour, le 15 juin, est peu connu du grand public. Le vécu politique de cet ingénieur des travaux publics formé en Algérie se limite à un bref passage au gouvernement sous le régime de Saïd Mohamed Djohar (1990-1995). Originaire de Nyumakélé, la région la plus défavorisée de l’île, décrit comme un piètre tribun et un personnage peu charismatique, il doit pour une bonne part sa victoire au soutien sans réserve du pouvoir central.
« Moussa Toybou a fait campagne presque exclusivement sur le thème du retour à la normalité, observe l’historien Mahmoud Ibrahime. Les conflits de compétences entre l’Union et les présidents des exécutifs des trois îles qui forment l’archipel – Ngazidja, Anjouan et Mohéli – empoisonnent la vie des Comoriens depuis six ans. Moussa a expliqué qu’il fallait que le président de l’île soit en phase avec celui de l’Union et a fait miroiter la réalisation prochaine des promesses faites par Ahmed Abdallah Sambi en 2006. »
Pour ses détracteurs, le nouveau dirigeant anjouanais est une créature de Sambi. L’analyse n’est sans doute pas dénuée de tout fondement. Mais on ne peut exclure que les rapports entre les deux hommes se détériorent un jour, comme se sont détériorés ceux entre Sambi et Mohamed Abdouloihabi, le président de Ngazidja. Leur amitié politique n’a en effet pas survécu au choc des ambitions, et Abdouloihabi est devenu aujourd’hui un des plus vifs contempteurs de « l’Ayatollah » (surnom donné par la rue au chef de l’État comorien)ÂÂ
Après quelques péripéties, l’élection de Moussa Toybou a été avalisée, le 1er juillet, par les juges de la Cour constitutionnelle de l’Union. Le 25 juin, c’est-à-dire entre les deux tours de la présidentielle anjouanaise, Sambi avait créé la polémique en mettant fin au mandat du président de la Cour, Mouzaoir ?Abdallah, et de deux autres juges.
La cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres, organisée le 30 juin à Moroni, et à laquelle ont assisté les diplomates de l’Union africaine, avait été boycottée par la quasi-totalité de la classe politique locale et par les trois juges maintenus dans leurs fonctions. Ce qui avait laissé craindre une paralysie de cet organe et une énième crise politique. Il n’en a finalement rien étéÂÂ

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