Tunisie – Jaouhar M’Barek : « Nous mettons au défi le président d’aller aux urnes »
Un collectif réunissant des personnalités tunisiennes propose une initiative de sortie de crise en sautant la case du dialogue avec Carthage. Entretien avec l’un de ses fondateurs, le constitutionnaliste Jaouhar M’Barek.
La voie des urnes finira-t-elle par remplacer la voix de la rue en Tunisie ? Après les appels à manifester contre les réformes du chef de l’État Kaïs Saïed, le collectif « Citoyens contre le coup d’État » l’espère et continue de se structurer. Il a lancé, ce lundi 8 novembre, « l’Initiative démocratique ».
Il s’agit d’une proposition de feuille de route concrète pour sortir le pays de l’impasse politique dans laquelle il est plongé depuis plus de trois mois. Dénonçant « l’isolement du régime », le collectif tend la main aux partis politiques, associations et organisations de la société civile afin d’œuvrer à « la poursuite du processus démocratique ». Il exhorte par ailleurs la présidence à mettre fin aux mesures d’exception décrétées depuis le 25 juillet dernier et réclame une reprise limitée des travaux de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour pouvoir organiser des élections législatives et générales anticipées. En attendant, il exclut toute négociation avec Carthage et organise une nouvelle mobilisation le 14 novembre.
Membre fondateur du réseau Doustourna et ex-conseiller politique de l’ancien chef de gouvernement Elyes Fakhfakh, le constitutionnaliste Jaouhar M’Barek est aussi l’un des fondateurs de ce collectif. Lequel compte dans ses rangs des universitaires, activistes, chroniqueurs et personnalités politiques, dont trois anciens conseillers présidentiels, Abderraouf Bettaieb (qui a officié auprès de Kaïs Saïed), Ridha Belhaj (auprès de Béji Caïd Essebsi), Zouheir Ismaïl (auprès de Moncef Marzouki), ou encore la vice-présidente de l’ARP, Samira Chaouachi.
Jeune Afrique : Comment se structure votre collectif ?
Jaouhar M’Barek : Nous sommes plusieurs personnalités à nous être positionnées contre les violations de la Constitution au soir même du 25 juillet et nous avons commencé à nous réunir quelques semaines après ce coup d’État. Nous avons formé un collectif et appelé les citoyens à manifester dès le 18 septembre. Le 26 septembre, la mobilisation a pris de l’ampleur avec quelques milliers de participants. Enfin, le 10 octobre, la contestation a encore grandi dans la rue. Le mouvement a désormais pris forme autour d’un comité exécutif de 11 membres et d’un comité de soutien fort de dizaines de personnalités et militants. Des antennes se constituent dans les régions mais aussi à l’étranger. Nous lançons un nouvel appel à manifester le 14 novembre.
Bien s’informer, mieux décider
Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...