La France sous Zemmour, fable dystopique
Un mur pour protéger la France de l’immigration, la fermeture des lieux de culte musulman, le couscous et les prénoms à consonance étrangère interdits… Voilà à quoi ressemblerait un pays sous le règne du polémiste d’extrême droite.
Jadis, un écrivain nommé Houellebecq se plut à imaginer la France gouvernée par les islamistes. Je me suis dit, moi, qu’on pouvait aussi se représenter la version fictive d’une France sous le règne d’Éric Zemmour…
Le soir de son élection, le nouveau président revêtit le bicorne de Napoléon, porta uniforme et galons tel Charles de Gaulle, s’ébroua le cou pour imiter l’allure élancée du Général. Il se dirigea vers la place Jeanne-d’Arc dont il évinça Marine le Pen à renfort de CRS, prononça son discours devant une foule de Croisés en casque et armures qui hurlaient : « Montjoie ! Monjoie ! » – le cri de guerre de leurs aïeux.
Le programme du « grand remplacement »
Dès son arrivée à l’Élysée, il décréta la mise à pied du personnel basané, ne voulant être servi que par des visages pâles et de blondes soubrettes. Puis il s’attela à l’œuvre de sauvetage de cette France menacée selon lui par le « grand remplacement ». Il décida de mettre un point final à l’immigration et ordonna d’ériger un mur de la Méditerranée à la Manche afin qu’aucun clandestin ne débarquât sur le territoire français.
Il ferma les lieux de culte musulman, jeta en prison le recteur de la mosquée de Paris et interdit de parler l’arabe. Il supprima le regroupement familial, le mariage avec des non-Français, les allocations dont bénéficiaient ces « fainéants de Noirs et de Maghrébins » qui squattent dans tous les coins de la République. Le voile fut banni, ainsi que le kamis et la main de Fatma, et même le couscous, cet infâme plat aux relents berbères que le Raïs français ne supportait plus.
Des listes furent dressées avec les noms à consonance bizarre et d’énormes files se formèrent devant les préfectures où les Mohamed et les Fatma vinrent par milliers changer de prénom. On offrit une alternative aux récalcitrants : l’expulsion, menottes aux poignets, ou le séjour en France avec une étoile cousue sur la poitrine indiquant que du sang étranger coulait dans leurs veines.
Logique d’islamistes
Comme par hasard, des bateaux de réfugiés disparurent en mer et des campements de tziganes brûlèrent. Personne ne put protester. Tous les activistes des associations contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie croupissaient déjà en prison, sauf le Défenseur des droits à qui l’on signifia un simple limogeage, pour sauver l’image du pays de la Révolution de 1789.
Les mouvements féministes furent prohibés et les femmes encouragées à rentrer à la maison
Le président décréta qu’il fallait laisser les juifs en paix, à condition qu’ils s’abstiennent de lui rappeler qu’ils partageaient quelque lien de parenté avec lui. Les mouvements féministes furent prohibés et les femmes encouragées, au moyen de primes, à rester à la maison. Suivant une logique identique à celle de ses frères islamistes, Éric le Magnifique signala à ces « folles » qu’elles n’avaient de compétence que pour la cuisine et le lit. Il leur permit toutefois de sortir s’aérer et exigea des hommes de se comporter en chevaliers-servant avec elles.
Entre-temps, les homosexuels furent catalogués comme danger public : plus question de mariage ni de Pacs ; ces « introvertis » n’avaient qu’à redevenir des hétéro comme les autres ou faire tout comme.
« Barra zammar »
Le contenu des manuels scolaires changea du jour au lendemain. On sucra les chapitres sur la colonisation, le nazisme et les terreurs de l’Église. On loua l’œuvre impériale et civilisatrice de la France. Le fouet fut réinstauré à l’école et les élèves appelés à se prosterner chaque matin devant leurs enseignants. Dans les musées, on interdit l’art contemporain au profit de la peinture classique.
Tous les jours, les clochers des campagnes françaises sonnaient dès l’aube le glas de l’islam et le sacre de la race blanche…
Le tag, le graffiti, le rap et autres « œuvres de racaille » tombèrent sous le coup de la loi. L’on n’entendit plus sur les ondes ni les chansons d’Amel Bent ni celles de Rachid Taha, mais la Marseillaise à tout bout de champ, ainsi que les anciennes comptines et les berceuses des mamans de l’Antiquité gauloise. Tous les jours, les clochers des campagnes françaises sonnaient dès l’aube le glas de l’islam et le sacre de la race blanche…
Il se murmurait toutefois des propos incroyables dans les chaumières de France :
– Le président ne descendrait ni d’Asterix ni de la reine Margot. Il serait.. arabo-berbère.
– Ah bon ! Encore un Arabe qui nous emm…
– Et vous savez quoi, « zemmour », qui évoque l’olivier en berbère, est proche du verbe arabe « zammara » qui veut dire siffler. Verbe dont dérive l’expression « barra zammar », qui, en Tunisien, signifie « Dégage » !
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